Résumé de la 30e partie n Kamaralzamân, malgré tous les avertissements, alla jusqu?au bout de son défi et proposa même de guérir la princesse sans la voir. Cette lettre écrite, Kamaralzamân la plia, y glissa adroitement la bague et la cacheta, puis la remit à l'eunuque qui entra immédiatement et la remise à Sett Boudour, en lui disant : «Il y a là, ô ma maîtresse, derrière le rideau, un jeune astrologue si téméraire qu'il prétend guérir les gens sans les voir. Voici d'ailleurs ce qu'il m'a remis pour toi !» Or, à peine la princesse Boudour eut-elle ouvert la lettre qu'elle reconnut sa bague et poussa un grand cri ; puis, affolée, elle bouscula l'eunuque et courut écarter le rideau ; d'un coup d'?il, reconnut dans le jeune astrologue le bel adolescent. Aussi sa joie fut telle qu'elle faillit devenir, cette fois, réellement folle. Elle se jeta au cou de son amoureux et tous deux s'embrassèrent comme deux pigeons longtemps séparés. A cette vue, l'eunuque alla en toute hâte avertir le roi de ce qui venait de se passer, en lui disant : «Ce jeune astrologue est le plus savant de tous les astrologues. Il vient de guérir ta fille sans même la voir, en se tenant derrière le rideau, sans plus !» Et le roi s'écria : «Est-ce bien vrai ce que tu me dis là ?» L'eunuque dit : «Ô mon maître, tu n'as qu'à venir constater la chose avec ton propre ?il !» Alors le roi se rendit aussitôt dans l'appartement de sa fille et vit, qu'en effet, la chose était réelle. Il en fut si réjoui qu'il baisa sa fille entre les deux yeux, car il l'aimait beaucoup ; et il embrassa également Kamaralzamân, puis lui demanda de quel pays il était. Kamaralzamân répondit : «Des îles de Khaledân et je suis le fils même du roi Schahramân !» Et il raconta au roi Ghaïour toute son histoire avec Sett Boudour ! Lorsque le roi eut entendu cette histoire, il s'écria : «Par Allah ! cette histoire est si étonnante et si merveilleuse que, si elle était écrite avec les aiguilles sur le coin intérieur de l'?il, elle serait un sujet d'ébahissement pour ceux qui la liraient avec attention !» Et il la fit immédiatement écrire dans les annales par les scribes les plus habiles du palais pour qu'elle fût transmise de siècle en siècle à toutes les générations à venir. Aussitôt après, il fit venir le kâdi et les témoins pour écrire sur l'heure le contrat de mariage de Sett Boudour avec Kamaralzamân. Et l'on fit décorer et illuminer la ville pendant sept nuits et sept jours ; et l'on mangea, et l'on but, et l'on se réjouit. Kamaralzamân et Sett Boudour furent au comble de leurs souhaits et s'entr'aimèrent pendant un long espace de temps, au milieu des fêtes, en bénissant Allah le Bienfaiteur ! Or, une nuit, après un festin où avaient été conviés les principaux notables des îles extérieures et des îles intérieures et que Kamaralzamân avait usé d'une façon encore plus merveilleuse que de coutume des somptuosités de son épouse, il eut, une fois endormi, un songe où il vit son père, le roi Schahramân, lui apparaître le visage baigné de larmes et lui dire tristement : «Est-ce ainsi que tu m'abandonnes, ô mon fils Kamaralzamân ? Regarde ! Je vais mourir de douleur !» (à suivre...)