Cibles n Censés secourir les malades et les soigner, ces médecins sont parfois l'objet du courroux des accompagnateurs du malade. Le service des urgences fonctionne normalement. Une atmosphère détendue y règne. Les gens semblent sereins, les médecins font leur travail, un policier plaisante avec une vieille. Devant l'unité de radiologie, un jeune attend. «Cela se passe normalement, j?attends mon père que j?ai ramené tout à l?heure, on est bien accueillis», dira-t-il. Quelques instants après, son père sort souriant, rassuré. Malgré une fatigue visible sur le visage des médecins, ceux-ci s?occupent comme il se doit, chacun de ses malades. Un professeur responsable des urgences tient cependant à prévenir : «Il ne faut pas se fier aux apparences, maintenant c?est normal, les gens ne sont pas encore affectés par le jeûne, mais il faut venir une heure avant le f?tour, vous verrez nos difficultés.» Quel genre de difficultés ? «Chaque malade est accompagné de tous les membres de sa famille. Ils l?entourent, crient en même temps et s'en prennent aux médecins.» «Parfois, cela frise la catastrophe», estime un autre responsable. Mais pour avoir une idée des dégâts du jeûne et la folie des hommes, il faut se rendre aux urgences du service maxillo-facial. Ici, il y a tous types de blessures, balafres, blessures au ventre. «Les voisins tranchent leurs différends à coups de couteau, ensuite ils se retrouvent ici», dira un infirmier. «En temps normal, notre travail est difficile. Maintenant, il est pire», dira une dame médecin. Mais ce qui rend «l?atmosphère électrique», c?est l?isolement de ce service, vital pour les blessés. En effet, il est situé dans une ruelle étroite où les gens stationnent leur véhicule, gênant ainsi l?entrée des ambulances. Le médecin de garde estime, pour sa part, que ce n?est pas le jeûne qui dérange, mais «ce sont les gens qui accompagnent le blessé qui sèment la pagaille», rendant ainsi la vie difficile à tout le monde. Ce médecin évoque «le manque de personnel», ce qui pousse «les autres à fournir plus d?efforts». «On n?a même pas quelqu?un pour orienter les malades, ce qui retombe sur nous.» Ce médecin estime que les gens sont mal éduqués, «ce qui rend le jeûne difficile» et la prise en charge des «malades encore plus dure». Du côté des malades, la pierre est à jeter ailleurs. «Ils ne travaillent pas ils passent leur temps à dormir», dira un vieux, en parlant des médecins. Bachir est photographe, il est parti à l?hôpital Mustapha enlever son plâtre, il s?est retrouvé au milieu de l?anarchie. «Chacun décide comme il veut», dira Bachir.