Résumé de la 19e partie n Epouvanté par le récit de son vizir sur la folie de son fils, le roi Schahramân alla le voir pour vérifier, en personne, la véracité de ces allégations. Shahrazade reprit son récit. Kamaralzamân répondit : «Certainement ! Ce sera dimanche, ensuite lundi, puis mardi, mercredi, jeudi et enfin vendredi, le jour saint !» Et le roi, au comble du bonheur, s'écria : «Ô mon enfant, ô Kamaralzamân, loin de toi tout mauvais augure ! Mais dis-moi encore comment s'appelle en arabe le mois où nous sommes.» Il répondit : «Il s'appelle en arabe le mois de Zoul-Kîdat. Après lui vient le mois de ZouI-Hidjat, puis viendra Môharram suivi de Safar, de Rabialaoûal, de Rabialthani, de Gamadialouala, de Gamadialthania, de Ragab, de Chaabân, de Ramadan et enfin de Chaoual !» Alors, le roi fut à l'extrême limite de la joie et, tranquillisé de la sorte sur l'état de son fils, se tourna vers le vizir et lui cracha à la figure et lui dit : «Il n'y a d'autre fou que toi, vieux de malheur !» Et le vizir hocha la tête et voulut répondre ; mais il s'arrêta et se dit : «Attendons un peu la fin !» Or, le roi dit ensuite à son fils : «Mon enfant, imagine-toi que ce cheikh-là et cet eunuque de poix sont venus me rapporter telles et telles paroles que tu leur aurais dites au sujet d'une prétendue jeune fille qui aurait passé la nuit avec toi ! Dis-leur donc à la figure qu'ils ont menti !» A ces paroles, Kamaralzamân eut un sourire amer et dit au roi : «Ô mon père, sache, qu'en vérité, je n'ai plus ni la patience nécessaire ni l'envie pour endurer plus longtemps cette plaisanterie qui a, ce me semble, assez duré comme ça ! De grâce, épargne-moi cette mortification et n'ajoute pas un mot de plus à ce sujet : car je sens que mes humeurs sont fort desséchées de tout ce que tu m'as déjà fait endurer ! Pourtant, ô mon père, sache aussi que maintenant, je suis bien résolu à ne plus te désobéir et je consens à me marier avec cette belle adolescente que tu as bien voulu m'envoyer cette nuit me tenir compagnie au lit. Je l'ai trouvée parfaite, et sa seule vue m'a mis tout le sang en mouvement !» A ces paroles, le roi s'écria : «Le nom d'Allah sur toi et autour de toi, ô mon enfant ! Qu'il te préserve des maléfices et de la folie ! Ah ! mon fils, quel cauchemar as-tu donc fait pour tenir un pareil langage ! Et qu'as-tu donc mangé de si lourd hier au soir pour que ta digestion ait eu une si néfaste influence sur ton cerveau ! De grâce, mon enfant, tranquillise-toi ! Jamais plus de ma vie je ne te contrarierai ! Et maudits soient le mariage et l'heure du mariage et ceux qui parleront encore de mariage !» Alors Kamaralzamân dit à son père : «Tes paroles sont sur ma tête, ô mon père ! Mais jure-moi d'abord, par le grand serment, que tu n'as aucune connaissance de mon aventure de cette nuit avec la belle fille qui a, comme je vais te le prouver, laissé sur moi plus d'une trace d'une action partagée !» Et le roi Schahramân s'écria : «Je te le jure par la vérité du saint nom d'Allah, Dieu de Moussa et d'Ibrahim, qui a envoyé Mohammed parmi les créatures comme gage de leur paix et de leur salut. Amine !» Et Kamaralzamân répéta : «Amine !» Mais il dit à son père : «Maintenant, que dirais-tu si je te donnais les preuves du passage entre mes bras de la jeune fille ?» Le roi dit : «J?écoute !» (à suivre...)