Résumé de la 25e partie n Après plusieurs mois, Marzaouân arriva enfin en vue de la capitale du royaume de Khaledân. Le vizir du roi lui envoya des esclaves pour le ramener. Aussi, peu d'instants après, Marzaouân entra dans la salle où se trouvait le vizir. Et comme il était bien fait et gentil d'aspect, il plut tout de suite au grand vizir, qui se mit à l'interroger et fut bientôt édifié de l'étendue de ses connaissances et de sa sagesse. Aussi il se dit en lui-même : «Sûrement il doit être versé dans la médecine !» et il lui demanda : «Allah t'a conduit ici pour guérir un malade qui est très aimé de son père et qui est pour nous tous un sujet d'affliction continuelle !» Et Marzaouân lui demanda : «De quel malade parles-tu ?» Il répondit : «Du prince Kamaralzamân, fils de notre roi Schahramân, qui habite ici même.» A ces paroles, Marzaouân se dit : «Le destin me favorise au-delà de mes souhaits !» Puis il demanda au vizir : «Et quelle est la maladie dont souffre le fils du roi ?» Le vizir dit : «Pour ma part, je suis persuadé que c'est tout bonnement la folie... Mais son père prétend que c'est le mauvais ?il ou quelque chose d'approchant, et n'est pas loin de croire à l'étrange histoire que lui a racontée son fils !» Et le vizir raconta à Marzaouân l'aventure entière dès son origine. Lorsque Marzaouân eut entendu ce récit, il fut à la limite de la joie, car il ne doutait plus que le prince Kamaralzamân ne fût le jeune homme qu?il recherchait. Mais il se garda bien de s'en expliquer au grand vizir et lui dit seulement : «Je suis sûr qu'en voyant le jeune homme je jugerai mieux du traitement à lui appliquer et grâce auquel je le guérirai, si Allah le veut !» Et le vizir, sans tarder, l'introduisit auprès de Kamaralzamân. Or la première chose qui frappa Marzaouân, en regardant le prince, fut sa ressemblance extraordinaire avec Sett Boudour. Et il en fut tellement stupéfait qu'il ne put s'empêcher de s'exclamer : «Ya Allah ! Béni soit Celui qui crée des beautés si semblables, en leur donnant les mêmes attributs et les mêmes perfections !» En entendant ces paroles, Kamaralzamân qui était étendu dans son lit, bien languissant et les yeux à demi-fermés, ouvrit complètement les yeux et tendit l'oreille. Mais déjà Marzaouân, mettant à profit cette attention de l'adolescent, improvisait ces vers pour lui faire comprendre, d'une manière enveloppée, ce que le roi Schahramân et le grand vizir ne devaient pas comprendre : «Je vais essayer de chanter les mérites d'une beauté, cause de mes souffrances, pour faire revivre le souvenir de ses charmes anciens. «On me dit : ô toi qu'a blessé la flèche de l'amour, lève-toi ! Voici la coupe pleine et la guitare pour te réjouir ! «Je leur dis : comment pourrais-je me réjouir, puisque j'aime ! Y a-t-il plus grande joie que celle de l'amour et que la souffrance d'amour ? «Tant j'aime mon amie que je jalouse même la chemise qui touche ses flancs, quand la chemise serre de trop près ses beaux flancs bénis et si doux ! «Tant j'aime mon amie que je jalouse la coupe qui touche ses lèvres gentilles, quand la coupe s'attarde trop sur ses lèvres bien taillées. «Ne me blâmez pas de l'aimer si passionnément ; déjà je souffre assez de mon amour pour lui-même. «Ah ! si vous saviez ses mérites ! Elle est aussi séduisante que Joseph chez Pharaon, aussi mélodieuse que David devant Saül, aussi modeste que Marie, mère du Christ. «Et moi je suis aussi triste que Jacob loin de son fils, aussi malheureux que Jonas dans la baleine, aussi éprouvé que Job sur la paille, aussi déchu qu'Adam poursuivi par l'Ange ! «Ah rien ne me guérira, que l?approche de l?amie !» (à suivre...)