Hommage n Chercheur et rénovateur infatigable, Mustapha Skandrani composa plus de trois cents morceaux dans les genres chaâbi et la chansonnette moderne. Une autre grande figure de la culture algérienne tire sa révérence. Le célèbre pianiste Mustapha Skandrani est décédé, ce mardi matin, à son domicile à Alger des suites d'une longue maladie, à l'âge de 85 ans. Né à Alger le 17 novembre 1920, Mustapha Skandrani, très jeune déjà, passait son temps, à jouer du piano dans le local du club de football du Mouloudia d?Alger, où plusieurs musiciens faisaient leurs répétitions, comme Mahieddine Lakehal et Maâlem Bouchaâra, Hadj Mrizek. Son oncle Habib Skandrani se chargea de son initiation. Très vite, il fait le tour des instruments traditionnels (kouitra, mandoline?), mais il se consacre au piano, un instrument très peu utilisé par les orchestres andalous ou chaâbi. Plus tard, remarqué par le maître Ahmed Sebti, il s?engage dans son orchestre en 1938. C?était le début de sa carrière professionnelle, et il finit, peu à peu, par s?imposer sur cet instrument. À la création de l?Orchestre des sociétés réunies dont ont fait partie des grands noms tels que Mohamed Benteffahi et les frères Fakhardji, le piano de Skandrani s?installe officiellement dans l?orchestre classique andalous. A partir de 1945, il va élargir ses compétences pour toucher à tous les genres de la musique algérienne. Il accompagne plusieurs musiciens pour leurs concerts et galas en Algérie et à l?étranger, ceux de Dahmane Ben Achour, Fadila D?Ziria, Hadj Mhamed El Anka, Salim Halali, Lili Boniche, Alice Fitoussi? En 1956, date de la création des orchestres de la station Radio Alger par Boudali Safir, Mustapha Skandrani occupe la direction de l?orchestre chaâbi. A l?indépendance, il va accélérer ses activités avec l?orchestre de la radio d?Alger pour animer des émissions et participer aux enregistrements réalisés à la radio et à la télévision. À partir de 1966, il se consacre à l?enseignement au sein du conservatoire d?Alger et de ses annexes (El-Biar, El-Harrach, Kouba...). En 1972, il accompagne les monuments de la scène à la tête de cinquante musiciens dans la première semaine culturelle de l?Algérie au théâtre des Champs-Elysées à Paris. Il dirige les orchestres andalous et chaâbi du conservatoire jusqu?à 1982. Chercheur et rénovateur infatigable, il composa plus de trois cents morceaux dans les genres chaâbi et la chansonnette moderne (Ya Ochak ezzine, Mir Elghram, Elherraz, Ya layem fi liâti, Ana Elouerqa, Amersouli...). Mustapha Skandrani était le premier pianiste musulman du XXe siècle. En effet, il a su imposer une technique de jeu propre à lui et spécifiquement adaptée à l?école d?Alger. Une technique subtile, mais qui est aussi dotée d?une complexité de doigté en mettant l?accent sur l?interprétation algéroise. Un grand artiste nous quitte. Les mélomanes retiendront de lui son image assis dans un coin, ses doigts au jeu subtil, dont l'un orné d'une bague, parcourant les touches de son piano pour produire des mélodies qui perpétueront son nom. L'inhumation aura lieu cette après midi au cimetière de Sidi M'hamed.