Résumé de la 20e partie n S?étant assuré que son père ne sait rien de son aventure avec Boudour, Kamarlzaman se propose de lui en faire le récit. Le roi courut aux cabinets et vit qu'en effet, la cuvette en question contenait une quantité énorme de sang, et il pensa en lui-même : «C'est là, un indice de la part de la partenaire, d'une santé merveilleuse et d'un écoulement loyal et franc !» Et il pensa encore : «Je vois là la main du vizir certainement !» Puis il revint en toute hâte près de Kamaralzamân : «Voyons la bague maintenant !» Et il la prit, la tourna et la retourna, puis la rendit à Kamaralzamân en disant : «C?est là une preuve qui me trouble absolument !» Et il resta sans dire un mot de plus durant une heure de temps. Puis, tout d'un coup, il s'élança sur le vizir et lui cria : «C'est toi, vieil entremetteur, qui as arrangé toute cette intrigue-là !» Mais le vizir tomba aux pieds du roi et jura sur le Livre Saint et sur la Foi qu'il n'était pour rien dans cette affaire-là. Et l'eunuque fit le même serment. Alors le roi, se refusant davantage à comprendre, dit à son fils : «Allah seul débrouillera ce mystère !» Mais Kamaralzamân, fort ému, répondit : «Ô mon père, je te supplie de faire des recherches et des enquêtes pour me rendre la délicieuse jeune file dont le souvenir me met l'âme en émoi. Je t'adjure d?avoir compassion de moi et de me la retrouver, ou je mourrai !» Le roi se mit à pleurer et dit à son fils : «Ya Kamaralzamân, Allah est Le seul grand et Lui seul connaît l'inconnu ! Quant à nous, nous n'avons plus qu'à nous affliger ensemble, toi de cet amour sans espérance et moi de ton affliction même et de mon impuissance à y porter remède !» Puis le roi, bien désolé, prit son fils par la main et l'emmena de la tour au palais où il s'enferma avec lui. Et il refusa de s'occuper des affaires de son royaume pour rester à pleurer avec Kamaralzamân qui s'était mis au lit, à la limite du désespoir d'aimer ainsi de toute son âme une jeune fille inconnue qui, après des preuves si marquées d'amour, avait si étrangement disparu. Puis le roi, pour être encore plus à l'abri des gens et des choses du palais, et pour n'avoir plus à s'occuper que des soins à donner à son fils qu'il aimait tant, fit bâtir au milieu de la mer un palais qui n'était relié à la terre que par une jetée large de vingt coudées, et le fit meubler à son usage et à celui de son enfant. Et tous deux l'habitèrent seuls, loin du bruit et des tracas, pour ne songer qu'à leur malheur. Et pour se consoler un tant soit peu,Kamaralzamân ne trouvait rien de mieux que la lecture des beaux livres sur l'amour et la récitation des vers des poètes inspirés, dont ceux-ci entre mille : «Ô guerrière habile au combat des roses, le sang délicat des trophées qui frangent ton front triomphal, teinte de pourpre ta profonde chevelure et le parterre natal de toutes ses fleurs s?incline pour baiser tes pieds enfantins ! «Si doux, ô princesse, ton corps surnaturel que l?air charmé s?aromatise à te toucher, et si la brise curieuse sous ta unique pénétrait elle s?y éterniserait. «Si belle, ta taille, ô houri, que le collier sur ta gorge se plaint de n?être point ta ceinture ! Mais tes jambes subtiles où les chevilles sont enserrées par les grelots font craquer d?envie les bracelets sur tes poignets !» (à suivre...)