Résumé de la 3e partie n Le roi Al-Naçir parvient à tirer de ses méditations Sidi Touati pour lui faire admirer Béjaïa, qu?il a reconstruite et embellie. Il l?entraîne jusqu?au haut d'une colline d?où on a une vue magnifique sur Béjaïa. La cité, éclairée par un beau soleil, dresse au ciel les minarets de ses mosquées et les tours de ses palais. ? N?est-ce pas que c?est magnifique ? dit-il en regardant le saint. Sidi Touati regarde la ville qui est, en effet, d?une merveilleuse beauté. ? Qu?est-ce que la beauté d?une ville devant ce soleil qui éclaire la terre et ce ciel qui la soutient ? ? Reconnais quand même, saint homme que c?est un spectacle merveilleux que cette ville ? Jamais, jamais on n?en a vu d?aussi belle ! J?ai dépensé une fortune pour la construire. Des milliers d?ouvriers y ont travaillé jour et nuit. Cette ville demeurera pendant des siècles et perpétuera mon nom. Sidi Touati s?emporte. ? Malheureux, c?est l?orgueil qui te fait parler de la sorte ! Tu ne sais donc pas que les ?uvres humaines sont périssables ? Combien de villes ont été dressées, dans le passé, plus grandes et plus magnifiques les unes que les autres ? Toutes ont été détruites, toutes sont tombées en poussière ! Mais Al-Naçir ne veut rien entendre. ? Ma ville est belle et solide, elle résistera au temps, dans deux, dans trois siècles, on l?admirera encore et on louera celui qui l?a construite. ? Je te l?ai dit, c?est l?orgueil qui te fait parler ! Et l?orgueil, tu dois le savoir, a perdu plus d?un souverain? Sache qu?il ne restera rien de ta ville et que le jour viendra où elle sera effacée ! ? Non, dit Al-Naçir, ma ville restera toujours debout, plus belle et plus magnifique que jamais, avec ses palais aux murs de marbre et d?émail, ses minarets élancés, ses fontaines, ses bassins? Le saint se dresse. ? Puisque tu t?obstines à refuser d?écouter ce que je dis, bien, tu vas voir le sort qui est réservé à ta ville. Il enlève son burnous et, après une longue invocation, il l?étend sous les yeux du prince. ? Vois ta ville ! lui dit-il. Les mosquées, les palais et tous les édifices sont écroulés et s?amoncellent en un énorme monceau de pierres et de gravats. Où sont passés les magnifiques palais ? Où sont les minarets d?où les muezzins lancent l?appel à la prière ? Et les bassins ? Et les jardins ? Et toutes les ?uvres d?art ? ? Ma ville ! crie Al-Naçir, qu?est devenue ma ville ? ? Ne t?ai je pas dit que rien ne restera debout ? Crains Dieu et renonce à ton orgueil ! Ne pense surtout pas que ta puissance est éternelle? Il secoue son burnous et Al-Naçiria surgit de nouveau, magnifique. Ce n?était qu?une vision? Une vision, dit la tradition, que le saint a provoquée, avec l?autorisation de Dieu, pour convaincre le prince de l?instabilité des choses humaines. (à suivre...)