Résumé de la 125e partie n Le vizir du roi Soleïmân-Schah pénétra dans la salle du trône. Et sur le trône en question, le roi Zahr-Schah était assis... A cette vue, le vizir du roi Soleïmân-Schah sentit l'inspiration illuminer son esprit et l'éloquence délier sa langue et l'inciter aux dires savoureux. Aussitôt, d'un geste agréable, il se tourna vers le roi Zahr-Schah, et improvisa ces strophes en son honneur : «A ta vue, mon cœur lui-même me délaissa pour voler vers toi ; et le sommeil lui-même s'enfuit loin de mes yeux, me laissant tout à mes tortures ! O mon cœur, eh bien ! puisque tu es déjà chez lui, reste où tu es. Je t'abandonne à lui, bien que tu sois ce qui m'est le plus cher et le plus nécessaire. Rien ne saurait plus agréablement reposer mes oreilles que la voix de ceux qui savent chanter les louanges de Zahr-Schah, le roi de tous les cœurs. Et si je passais toute ma vie, après l'avoir regardé ne fût-ce qu'une seule fois au visage, sans le bonheur d'un second regard, cela me rendrait riche à jamais. O vous tous qui entourez ce roi magnifique, sachez que si quelqu'un prétendait avoir trouvé un roi qui dépasse Zahr-Schah en qualités, il mentirait, et ne serait point un vrai Croyant !» Et, ayant fini de réciter ce poème, le vizir se tut sans en dire davantage. Alors le roi Zahr-Schah le fit s'approcher de son trône, et le fit s'asseoir à ses côtés, et lui sourit avec bonté, et l'entretint agréablement pendant un bon moment, en lui donnant les marques les plus démonstratives de l'amitié et de la générosité. Ensuite le roi fit tendre la nappe en l'honneur du vizir, et tout le monde s'assit à manger et à boire jusqu'à satiété. Alors seulement le roi désira rester seul avec le vizir ; et tous sortirent, à l'exception des principaux chambellans et du grand vizir du royaume. Alors le vizir du roi Soleïmân-Schah se leva debout sur ses deux pieds, et fit encore un compliment, et s'inclina et dit : «O grand roi plein de magnificence, je viens vers toi pour une affaire dont le résultat pour nous tous sera plein de bénédictions, de fruits heureux et de prospérité ! Le but de ma mission est, en effet, de demander en mariage ta fille pleine d'estime et de grâce, de noblesse et de modestie, pour mon maître et la couronne sur ma tête, le roi Soleïmân-Schah, sultan plein de gloire de la Ville-Verte et des montagnes d'Ispahân ! Et, à cet effet, je viens vers toi porteur de riches cadeaux et de choses somptueuses, pour te montrer le degré d'ardeur où mon maître se trouve dans son désir de t'avoir comme beau-père ! Je voudrais donc savoir de ta bouche si tu partages également ce désir et si tu veux lui accorder l'objet de ses souhaits.» Lorsque le roi Zahr-Schah eut entendu ce discours du vizir il se leva et s'inclina jusqu'à terre ; et ses chambellans et ses émirs furent à la limite de l'étonnement de voir le roi marquer tant de respect à un simple vizir. Mais le roi continua à rester debout devant le vizir et lui dit : «O vizir doué de tact et de sagesse, d'éloquence et de grandeur, écoute ce que je vais te dire. Je me considère comme un simple sujet du roi Soleïmân-Schah, et je me fais le plus grand honneur de pouvoir compter parmi ceux de sa race et de sa famille ! Aussi ma fille n'est plus désormais qu'une esclave d'entre ses esclaves ; et dès cet instant même elle est sa chose et sa propriété ! Et telle est ma réponse à la demande du roi Soleïmân-Schah, notre suzerain à tous, maître de la Ville-Verte et des montagnes d'Ispahân !» (à suivre...)