Résumé de la 24e partie n Marzaouân, frère de lait de Boudour, comprit que le seul mal dont elle souffrait était l?amour? Il lui demanda de tout lui raconter. Alors Boudour lui raconta par le menu toute l'aventure, qui ne gagnerait rien à être répétée. Et elle fondit en larmes en disant : «Voilà mon triste sort, Ô Marzaouân ; et je ne vis plus qu'en pleurant la nuit comme le jour, et c'est à peine si les vers d'amour que je me récite arrivent à mettre un peu de fraîcheur sur la brûlure de mon foie !» A ces paroles, Marzaouân baissa la tête pour réfléchir et s'enfonça pendant une heure de temps dans ses pensées. Après quoi, il releva la tête et dit à la désolée Boudour : «Par Allah ! Je vois clairement que ton histoire est en tous points exacte ; mais, en vérité, la chose m?est fort difficile à comprendre. Mais j'ai espoir de guérir ton c?ur en te donnant la satisfaction que tu désires. Seulement, par Allah, fais en sorte que la patience soit ton soutien jusqu'à mon retour. Et sois bien sûre que le jour où, de nouveau, je serai près de toi sera celui où je t'aurai amené ton bien-aimé par la main !» Et sur ces paroles, Marzaouân se retira brusquement de chez la princesse, sa s?ur de lait et, le jour même, il quitta la ville du roi Ghaïour. Une fois hors des murs, Marzaouân se mit à voyager pendant un mois entier de ville en ville et d'île en île, et partout il n'entendait les gens parIer, pour tout sujet de conversation, que de l'histoire étrange de Sett Boudour. Mais au bout de ce mois de voyage, Marzaouân arriva dans une grande ville, située sur le bord de la mer et dont le nom était Tarab, et il cessa d'entendre les gens parler de Sett Boudour ; mais, en revanche, il n'était question que de l'histoire surprenante d'un prince, fils du roi de ces contrées, et que l'on nommait Kamaralzamân. Et Marzaouân se fit raconter les détails de cette histoire et les trouva si semblables en tous points à ceux qu'il connaissait au sujet de Sett Boudour qu'il s'informa aussitôt de l'endroit où se trouvait exactement ce fils du roi. On lui dit que cet endroit était situé fort loin et que deux chemins y conduisaient, l'un par terre et l'autre par mer ; par le chemin de terre on mettait six mois pour arriver à ce pays de Khaledân où se trouvait Kamaralzamân ; et par le chemin de mer, on ne mettait qu'un mois seulement. Alors Marzaouân, sans hésiter, prit le chemin de mer sur un navire qui partait justement pour ces îles du royaume de Khaledân. Le navire sur lequel Marzaouân s'était embarqué eut un vent favorable durant toute la traversée ; mais le jour même où il arrivait en vue de la ville, capitale du royaume, une tempête formidable souleva les lames de la mer et projeta en l'air le navire qui tourna sur lui-même et sombra irrémédiablement sur un rocher à pic. Mais Marzaouân, entre autres qualités, savait parfaitement nager ; aussi, de tous les passagers, fut-il le seul à pouvoir se sauver en s'accrochant au grand mât qui était tombé à la mer. Et la force du courant l'entraîna justement du côté de la langue de terre où était bâti le palais qu'habitait Kamaralzamân avec son père. Or le destin voulut qu'à ce moment, le grand vizir, qui était venu rendre compte au roi de l'état du royaume, regardât par la fenêtre qui donnait sur la mer ; et, voyant ce jeune homme aborder ainsi, il ordonna aux esclaves d'aller à son secours et de le lui ramener, après lui avoir toutefois donné des habits de rechange et fait boire un verre de sorbet pour lui calmer les esprits. (à suivre...)