Pourrissement n C?est l?escalade entre le ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) et la Fédération algérienne de football (FAF) à la suite de la dernière décision de la tutelle de sceller les locaux de la DTN suivie du gel des activités de cette dernière par la FAF. Depuis l?arrivée de Yahia Guidoum au siège de la place de la Concorde civile et ses premières déclarations (attaques à peine voilées) contre les gestionnaires du football national, rien de bon n?était à présager dans les relations entre le MJS et la FAF. A chacune de ses sorties médiatiques (forums, interviews, réunions), le ministre a haussé le ton, fustigeant le milieu du football sans vraiment prendre la peine de se rapprocher de ses responsables afin de s?enquérir réellement de sa situation profonde et des véritables problèmes qui le rongent et qui entravent toute tentative de son développement. Le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, a vite compris que monsieur le ministre, certainement mal conseillé par certains cercles revanchards, s?est engagé dans la voie de la confrontation et que c?est sa tête qui était visée. La dernière décision du MJS de mettre sous scellés les locaux de la direction technique nationale (DTN) est en fait la énième provocation de la tutelle, après l?histoire de monter une sélection nationale de jeunes au lycée sportif de Draria ou bien le décret ministériel 04-10 (bien que ce dernier soit destiné à toutes les fédérations, ceux qui l?ont conçu ont certainement visé le football en premier). Pourquoi le MJS a-t-il choisi cette voie, celle de la provocation, alors que le mandat de l?actuel bureau fédéral se termine dans un mois et que des élections sont prévues le 22 décembre prochain pour élire un autre président, si bien sûr Raouraoua maintient sa décision de ne pas se présenter pour un second mandat ? Ce qui est certain, c?est que le MJS s?est engagé dans une guerre inutile qui ne sert aucune partie, et encore moins une discipline qui a plus besoin d?implication et de soutien des pouvoirs publics dans son projet de refondation que de se laisser aller à des actions spectaculaires sans lendemain. Selon certains observateurs, les intentions du MJS sont claires : barrer la route à un éventuel second mandat de Raouraoua. Or, à en croire plusieurs dirigeants de clubs et autres membres de l?assemblée générale de la FAF, cette tentative ne fait que susciter le sentiment contraire, à savoir une mobilisation sans précédent pour soutenir la reconduction du président sortant. Par ailleurs, la FAF n?a pas tardé à réagir à la décision intempestive du MJS de condamner la porte d?entrée de la DTN en gelant les activités de cette structure névralgique, du coup ce sont tous les programmes et les stages des différentes sélections nationales engagées dans les championnats africains de jeunes et féminins qui sont suspendus. La FAF veut ainsi endosser la responsabilité de ce gâchis à la tutelle qui, lui, avance comme un rouleau compresseur sans prendre conscience des conséquences que peut provoquer un tel conflit avec la FAF et par ricochet avec la FIFA. Cette dernière, rappelons-le, a des positions très tranchées lorsqu?il s?agit d?ingérences dans les affaires des fédérations. Le dernier épisode de l?affaire de la fédération du Yémen est édifiant à ce propos. A. S.-B. Hayatou n?a pas apprécié l Selon certaines indiscrétions, le président de la CAF, Issa Hayatou, n?a pas du tout apprécié l?attitude de M. Guidoum lors de sa dernière visite à Alger. Il a même avoué sa déception à l?issue de ses pourparlers avec le MJS. Il est malheureux d?en arriver là, au moment où le sport national est en train de toucher le fond et à tous les niveaux. Certes, le milieu du sport, et en particulier celui du football, a besoin d?une sérieuse purge et d?un assainissement dans ses rangs, mais la manière autoritaire et interventionniste du MJS est mal appropriée. Elle n?engendrera que conflits et crises. Une main de fer dans un gant de velours aurait été mieux indiquée, le tout dans un esprit de concertation et dans le cadre d?un débat fécond et intelligent. Mais apparemment, les Algériens n?ont pas (ou plus) cette capacité de débattre de leurs problèmes dans la sérénité et le respect mutuel que de recourir au combat de rue. Un mauvais exemple pour la jeunesse de ce pays.