(souveraine et guerrière algérienne du XVIIIe siècle) Concurrence n C?était l?époque de la course : quand ce n?étaient pas les bateaux européens qui s?en prenaient aux côtes maghrébines, c?étaient les vaisseaux maghrébins qui allaient razzier les îles et les côtes européennes. Au début du XVIIIe siècle, l?archipel des Baléares n?était pas ce qu?il est aujourd?hui, un paradis pour touristes, avec des plages de sable fin où il fait bon se prélasser au soleil et des bungalows et où l?on disposait de toutes les commodités. C?était un archipel aride, dominé par des roches calcaires et brûlé, une grande partie de l?année, par un soleil implacable. La population, peu nombreuse, était dispersée dans des villages très pauvres, qui vivaient de cultures sèches, principalement d?orge. Des paysans qui ressemblaient beaucoup à ceux du Maghreb, non seulement par le mode de vie mais aussi, depuis les Carthaginois, par l?histoire. Ce n?est que depuis la reconquête que l?archipel des Baléares est tombé sous la domination des Espagnols? Au XVIIIe siècle, les Baléares n?avaient aucune importance économique. De rares bateaux européens y faisaient escale dans leur route vers l?Amérique, ou alors lors d?expéditions contre les côtes maghrébines. Le XVIIIe siècle, c?était encore l?époque de la course : quand ce n?étaient pas les bateaux européens qui s?en prenaient aux côtes maghrébines, c?étaient les vaisseaux maghrébins, ou plutôt turcs, qui allaient razzier les îles espagnoles ou italiennes et même les côtes du continent. Ibiza? on y allait pour se venger d?une attaque des chrétiens ou alors pour enlever des jeunes gens et des jeunes filles, que l?on vendait comme esclaves ou, dans le cas des garçons, que l?on envoyait dans les casernes pour en faire des soldats. On a beaucoup écrit sur ces captifs que faisaient les «mahométans», c?est-à-dire les musulmans, mais on oublie que les chrétiens faisaient aussi des captifs musulmans qu?ils vendaient aux riches seigneurs d?Espagne, de Florence ou de France. Ce jour-là, la galiote venue d?Alger a mouillé dans un coin escarpé de la côte et quelques hommes, armés jusqu?aux dents, avancent prudemment, à la recherche de butin. Des soldats ont l?habitude de patrouiller le long des côtes et il n?est pas recommandé de tomber nez à nez sur elles ! Mais aujourd?hui, la route est libre et on approche d?un village dont on entend les échos. Des voix de femmes, qui se rendent sans doute au puisage de l?eau. Les hommes, embusqués, aperçoivent bientôt un groupe de jeunes femmes et d?enfants, leurs cruchons attachés par des cordes, au dos. Une vision, qui doit rappeler, aux marins, des images de leur pays. D?un seul mouvement, les hommes sortent de leur cachette et se précipitent sur les femmes qui se mettent aussitôt à crier. Les plus jeunes sont aussitôt attachées à des cordes et traînées, en direction du rivage, les plus vieilles, elles, sont également attachées et bâillonnées mais abandonnées sur place. Le temps qu?on les retrouve, la galiote sera très loin? Ainsi était la vie en ces temps-là : un jour, c?est un navire chrétien qui enlève des musulmans, un autre, c?est un navire musulman qui enlève les chrétiens? (à suivre...)