Idéologie et justice royale La légitimité idéologique : le roi de France apparaît pour les intellectuels au même niveau de pouvoir, de prestige et de légitimité politique que l'empereur. Le roi est le seul à être sacré, le sacre passant d'un cadre individuel à un cadre dynastique : on associe les fils à la royauté. Cette unicité du lignage royal est renforcée par le développement d'une idéologie magique : le roi thaumaturge qui guérit des écrouelles. La dynastie capétienne détient des pouvoirs religieux et des pouvoirs magiques, renforçant ainsi sa légitimité. On peut encore y ajouter l'importance des insignes de la royauté : on commence à voir apparaître la fleur de lys au XIIIe et la bannière royale (l'oriflamme). Entre le XIIe et XIIIe siècle, la royauté fera en sorte que les intellectuels développent une mémoire royale, inventant une continuité de Clovis à Charlemagne jusqu'aux Capétiens. Le roi devient un roi territorial par l'acquisition de la prérogative royale qu'est la justice. Se développe alors la paix du roi, remplaçant la paix de dieux. Il interdit la guerre privée en 1258 ; en 1268, le duel judiciaire. Il faut insister sur la suprématie de la justice royale. C'est ainsi que le roi passe de suzerain à souverain. Les pouvoirs législatif et administratif du roi Pour mettre en ?uvre au quotidien sa supériorité, le roi doit compter sur un pouvoir législatif monopolisé et une administration compétente. Il est représenté en premier lieu par les ordonnances royales, de plus en plus nombreuses. Elles vaudront pour l'ensemble ou une partie des terres du royaume de France. C'est l'ultime champ d'action. Pour les mettre en ?uvre, la royauté se dote d'une administration de plus en plus centralisée. Fin XIe, début XIIe, il y a, autour du roi, un entourage composé de sa cour itinérante. Cette cour (curia regis), composée de chevaliers et de proches vassaux, va se diviser en deux : d'une part l'hôtel du roi et de l'autre le conseil du roi. Le premier est composé ses domestiques et cinq grandes officines : le sénéchal de l'armée, le chancelier, le chambrier, le connétable, et le boutellier. Au cours du XIIe, ils réussissent à rendre leur charge héréditaire. Avec le besoin croissant de services administratifs, la cour va encore se diviser. On assiste à la centralisation et la stabilisation de l'administration. Les appareils administratifs sont disposés à Paris, qui apparaît comme une capitale avec la stabilisation des archives au Louvre. Cette administration développe l'écrit, conservant registres et archives. A partir du conseil du roi, division en cour des pairs : vassaux ecclésiastiques et seigneurs laïcs, conseil du roi et parlement. Le conseil du roi fonctionne en tant que conseil (rôle consultatif et législatif). (à suivre...)