Résumé de la 2e partie n Au fil du procès, l?assistance est émue par le récit du jeune couple. Le fait saillant est que l?amour partagé par Pietro et Rosina est devenu une haine acharnée allant jusqu?au port d?arme et à l?intention d?assassinat? Un subit brouhaha dans le public souligne que les habitants de Ponteverde ont exactement pris la chose comme cela. Le président poursuit son interrogatoire. «Et le règlement de comptes a fini par avoir lieu... ? Oui. Le 4 février dernier. Il faisait beau, ce jour-là. Il était deux heures de l'après-midi. J'avais été prendre un expresso au café. Antonio, le patron, m'avait encore une fois mis en garde, mais j'étais devenu fataliste. Je suis sorti sur la place sans trop d'inquiétude. Rosina était là, près de la fontaine, à l'endroit précis où je lui avais annoncé notre rupture. J'ai vu quelque chose qui brillait dans sa main. Elle a crié : ?Traître !? Il y a eu un bruit et j'ai ressenti une brûlure à l'épaule gauche. Ensuite, tout est aIlé très vite.» L'avocat, maître Scarpiani, se lève : «Si vous le voulez bien, monsieur le président, je raconterai la suite. Etant donné que je suis le défenseur des deux accusés, on ne pourra me soupçonner de partialité... C'est Rosina qui a tiré la première, à cinq reprises. Ses cinq coups ont porté. Les leçons de son grand-père avaient été bonnes. Pietro Verga a d'abord été touché à l'épaule, comme il l'a dit, puis une fois à la poitrine, deux fois à la jambe droite et une dernière fois dans le dos. Il s'est écroulé, mais il a eu la force de tirer à son tour. Trois de ses balles se sont perdues, mais pas les deux autres, qui ont touché Rosina successivement au bras et à la tête. Ensuite, ils sont restés tous deux évanouis, baignant dans leur sang.» Le président a, tout à coup, un ton grave en s'adressant aux deux accusés : «Transportés à l'hôpital de Pise, vous avez été mis hors de danger. Vous rendez-vous compte qu'il s'agit d'un véritable miracle ?» Rosina et Pietro Verga marquent un silence avant de répondre d'une voix émue : «Oui, monsieur le président...» Le président continue son interrogatoire. Il en vient à l'élément le plus sensationnel : ce qui s?est passé en prison. Car bien entendu, dès qu'ils ont été sur pied, début mars 1986, Rosina et Pietro ont quitté l'hôpital pour la prison de Pise... Le président s'adresse à Pietro Verga. «C'est à ce moment que vos sentiments à l'égard de Rosina ont changé... ? Non, monsieur le président, avant, à l'hôpital. Dès que j'ai été en état de penser, je me suis rendu compte que ce qu'avait fait Rosina était formidable... ? Elle avait voulu vous tuer ! ? Justement ! Vous vous rendez compte d'une preuve d'amour !» Visiblement, le président ne s'en rend pas exactement compte, mais il n'a pas envie d'entamer une controverse à ce sujet. «Quoi qu'il en soit, vous vous remettez à aimer votre ex-fiancée ? ? Je n'avais jamais cessé de l'aimer, monsieur le président. J'avais seulement traversé une mauvaise période. ? Admettons... En prison, votre premier soin est de faire parvenir à Rosina une lettre d'amour. ? Oui, monsieur le président. ? Entre la section des femmes et celle des hommes, les communications sont interdites. Comment avez-vous fait ?» (à suivre...)