Résumé de la 2e partie n Enlevée de son île natale d?Ibiza, Mériem est élevée dans la maison de Redjeb, un riche seigneur turc, qui projette d?en faire son épouse. Les années ont passé. Mériem a grandi en force et en beauté et, comme cela a été décidé depuis longtemps, elle est devenue l?épouse de Redjeb. Redjeb, comme il était d?usage à l?époque, avait plusieurs épouses et beaucoup de concubines, mais Mériem est sa préférée. La jeune femme est non seulement belle, mais elle est aussi très intelligence. Elle est la confidente et le soutien dont un homme, sur lequel pesaient de lourdes charges, pouvait avoir besoin. Il aimait, le soir, quand il la rejoignait dans ses appartements, lui raconter sa journée et il écoutait attentivement les conseils qu?elle lui donnait sur ses affaires. «Fais cela, plutôt que cela», ou alors «Ne fais pas confiance à un tel, prends telles dispositions»? Redjeb connaît bien le proverbe algérien : «consulte une femme même si tu dois, par la suite, faire le contraire de ce qu?elle te dit» et, jusqu?à présent, tous les conseils que Mériem l?Ibizia a donnés à Redjeb se sont avérés judicieux. D?habitude, elle se lève assez tôt, avec Redjeb, pour se préparer à la prière de l?aube ? elle est devenue une fervente musulmane ? mais aujourd?hui, son époux lui a ordonné de garder le lit : «Tu es fatiguée, tu feras ta prière plus tard. ? Tu sais bien, a-t-elle répondu avec sévérité, que la prière du fedjr est de celles qui ne peuvent se reporter ! ? Dieu te pardonnera au vu de ton état.» Si Redjeb, qui est lui-même un bon musulman, a donné cet ordre, c?est qu?il y a une raison supérieure : Mériem est enceinte et elle approche de son terme ! Depuis que ses formes se sont arrondies, Redjeb n?a cessé de la surveiller et de la pousser à prendre soin d?elle-même. Mériem aime, quand elle se retrouve seule, penser à sa vie d?autrefois, dans son île. Il est vrai qu?elle était libre et auprès des siens, mais que de misères et de souffrances endurées? Elle ne mangeait jamais à sa faim, bien qu?elle trime toute la journée dans les champs, à gratter un sol ingrat duquel on ne pouvait arracher que de l?orge, que le seigneur, propriétaire des terres, venait prendre. Elle en est presque venue à bénir le jour où la galiote algéroise l?a arrachée à cette terre ingrate? Mais cela, elle ne le dit à personne : après tout, elle a sa fierté? Ce qui n?était qu?une fatigue s?est transformé, au cours de la journée, en malaise. Bientôt, elle est prise par les douleurs et on court chercher les matrones, les qablat, qui assistent les femmes durant l?accouchement. Peu après, Redjeb est au chevet de sa jeune épouse et regarde le bébé qui dort à ses côtés. C?est une fille, et il aurait aimé avoir un garçon, mais ce n?est que le premier enfant de l?Ibizia, qui en aura d?autres. «Elle te ressemble», dit Redjeb. C?est, dans sa bouche, le meilleur compliment. La fillette recevra le nom d?Oum Hani. (à suivre...)