Résumé de la 5e partie n Oum Hani, la fille de Mériem l?Ibizia et du maître de Constantine, Redjeb Bey, est mariée à El-Guidoun, le puissant chef de la tribu arabe des Daouaouida. Des cavaliers sont venus la chercher. On a embarqué sur plusieurs mules, ses affaires et les objets précieux que son père lui a donnés : coffres berbères en bois sculpté, tapis du Djebel Amour aux couleurs chatoyantes, couvertures, bijoux, robes de luxe venues d?Anatolie et des possessions d?Orient? Sa mère, en la quittant, l?a longuement serrée contre elle et l?a embrassée. Elle n?a pas pleuré pour ne pas lui faire de peine. Mais maintenant qu?elle est sous cette tente, à attendre son époux, elle a envie de pleurer. Qui est cet El-Guidoun à qui on la livre aujourd?hui ? On lui a dit que c?était un homme d?un certain âge, peut-être même d?un vieillard ! C?est la première fois de sa vie qu?elle va passer la nuit sous une tente. Et quelle tente ! En arrivant, elle a été désagréablement surprise en apercevant des tentes misérables, dont certaines partent en lambeaux, mais celle du chef, vers laquelle on l?a dirigée, est non seulement grande, mais aussi belle. L?intérieur est couvert de riches tapis et la couche, faite d?une multitude de couvertures de laine, s?élève à deux mètres du sol? La lampe à huile, posée sur une petite table, brûle, projetant de ombres fantastiques sur les parois de la tente secouée par un vent léger. Sa nourrice est restée avec elle jusqu?à la tombée de la nuit ; elle l?a parée, maquillée puis, avant de sortir, elle lui a fait les dernières recommandations : ne rien refuser à l?homme qui, cette nuit, va devenir son époux. Un bruit furtif la fait sursauter. Une ombre se glisse sous la tente. Elle ferme les yeux et frémit quand une main se pose sur son épaule. ? Marhaba, bienvenue ! C?est lui ! Elle le regarde. ? Bienvenue à la fille de Redjeb Bey, mon nouvel allié ! Il n?est pas aussi vieux qu?on le lui a dit, en tout cas, s?il est âgé, on peut dire qu?il est bien conservé et qu?il garde l?allure d?un jeune homme : grand, svelte, mince, nerveux, comme le sont la plupart des hommes du désert, toujours occupés à chevaucher, à faire la guerre ou à razzier. Non, il est loin de ressembler à ces chefs des villes à la panse bien pleine, que l?inaction et l?oisiveté vieillissent avant l?heure. Les jours suivants, El-Guidoun va se montrer très attentionné avec sa jeune épouse : il la comble de cadeaux et se montre attentif au moindre de ses désirs. Il a mis pratiquement toute la tribu à son service, faisant comprendre à chacun que ses désirs sont des ordres. Les jeunes gens, séduits par sa grande beauté, ne demandent qu?à la servir. Les femmes sont moins disposées à se laisser dominer par une étrangère, mais elles ne peuvent aller à l?encontre de la volonté de leur chef. Celui-ci, pour plaire à celle qu?on appelle la Turque, a répudié toutes ses épouses pour se consacrer entièrement à elle. Redjeb Bey a bien vu, en accordant sa main au chef de la puissante tribu des Daouaouida : il a non seulement neutralisé des ennemis potentiels, mais il a aussi acquis des alliés qui pourraient l?aider en cas de difficulté. (à suivre...)