Résumé de la 52e partie n Boudour se révéla enfin à son bien-aimé Kamaralzamân, au grand bonheur de ce dernier. Le couple informa ensuite le roi Armanos, qui demanda à Kamaralzamân de prendre sa fille pour deuxième épouse. Alors, Kamaralzamân se tourna vers le roi Armanos et lui dit : «Mon épouse Sett Boudour m'a répondu par l'agrément, sans détours, en me disant qu'elle s'estimerait heureuse d'être au besoin l'esclave de Haïat-Alnefous.» A ces paroles, le roi Armanos se réjouit à la limite de la joie, et alla aussitôt s'asseoir, pour la circonstance, sur le trône de sa justice et fit assembler tous les vizirs, les émirs, les chambellans et les notables du royaume et leur raconta l'histoire de Kamaralzamân et de son épouse Sett Boudour, depuis le commencement jusqu'à la fin. Puis il leur fit part de son projet de donner Haïat-Alnefous comme seconde épouse à Kamaralzamân et de le nommer, par la même occasion, roi de l'île d'Ebène à la place de son épouse la reine Boudour. Et tous embrassèrent la terre entre ses mains et répondirent : «Du moment que le prince Kamaralzamân est l'époux de Sett Boudour, qui avait régné d'abord sur ce trône, nous l'acceptons avec joie pour notre roi, et nous serons heureux d'être ses esclaves fidèles !» A ces paroles, le roi Armanos se convulsa de plaisir à la limite de la convulsion, et fit aussitôt mander les kâdis, les témoins et les chefs principaux et écrire le contrat de mariage de Kamaralzamân avec Haïat-Alnefous. Et cela fut l'occasion de grandes réjouissances et de festins merveilleux et de milliers de bêtes égorgées pour les pauvres et les malheureux, et de largesses à tout le peuple et à toute l'armée. Aussi il ne resta personne dans le royaume qui ne fît des v?ux de longue vie et de bonheur pour le roi Kamaralzamân et ses deux épouses Boudour et Haïat-Alnefous. Après quoi, Kamaralzamân dépêcha des courriers à son père le roi Schahramân pour lui apprendre tous ces heureux événements, et lui dire qu'il comptait aller le voir sitôt qu'il aurait conquis sur les mécréants une ville au bord de la mer dont ils avaient massacré les habitants musulmans. Sur ces entrefaites, la reine Boudour et la reine Haïat-Alnefous, brillamment fécondées par Kamaralzamân, donnèrent à leur époux chacune un enfant mâle, beau comme la lune. Et tous vécurent dans le bonheur parfait jusqu'à la fin de leurs jours ! Telle est l'histoire merveilleuse de Kamaralzamân et de Sett Boudour. Et Schahrazade, en souriant, se tut. Or, la petite Doniazade, aux joues si blanches d'ordinaire, avait, surtout à la fin de cette histoire, rougi à l'extrême, et ses yeux s'étaient agrandis de plaisir, de curiosité et aussi de confusion, et elle avait fini par se couvrir le visage de ses deux mains, mais en regardant au travers. Aussi, pendant que Schahrazade, pour se refaire la voix, mouillait ses lèvres à une coupe glacée de décoction de raisins secs, Doniazade battit des mains et s'écria : «O ma s?ur, quel dommage que cette histoire merveilleuse soit si vite finie ! C'est la première de son espèce que j'entends de ta bouche. Et je ne sais pas pourquoi je rougis comme ça !» Et Schahrazade, après avoir bu une gorgée, sourit à sa s?ur du coin des yeux et lui dit : «Mais que sera-ce alors lorsque tu auras entendu l?histoire de Grain-de-Beauté ?... Mais je ne te la raconterai qu?après seulement la gentille histoire de Bel-Heureux et de Belle-Heureuse !» A ces paroles, Doniazade sauta de joie et d'émotion et s'écria : «O ma s?ur, de grâce ! Dis-moi d'abord, avant de commencer l'histoire de Bel-Heureux et de Belle-Heureuse, dont déjà j'aime les noms infiniment, ce que c'est que Grain-de-Beauté !» Et Schahrazade répondit : «Mais, ma chérie, Grain-de-Beauté est un adolescent !» Alors le roi Schahriar, dont la tristesse avait disparu dès les premiers mots de l'histoire de Sett Boudour, qu'il avait tout entière écoutée avec une grande attention, dit : «O Schahrazade, cette histoire de Boudour, je suis obligé de te l'avouer, m'a charmé et m'a réjoui et, de plus, m'a incité à mieux me rendre compte de cette mode nouvelle dont parlait Sett Boudour en prose et en vers. Si donc, dans les histoires que tu nous promets, cette mode se trouve expliquée avec d'autres détails que je ne connaisse pas, tu peux tout de suite les commencer !» Mais à ce moment, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète comme elle était, se tut. Et le roi Schahriar pensa en son âme : «Par Allah ! je ne la tuerai que lorsque j'aurai entendu d'autres détails sur la mode nouvelle qui me paraît, jusqu'à présent, affligée d'obscurité et de complications !»