Résumé de la 39e partie n Sett Boudour continua à ruser pour que le roi Armanos et son épouse ne découvrent pas son secret. Le roi Armanos, le premier, demanda : «Eh bien, mon enfant, qu'Allah soit béni ! Je te vois encore sous la couverture ! N'es-tu pas trop brisée ?» Elle répondit : «Mais pas du tout ! je me suis bien reposée dans les bras de mon bel époux. Je me suis ainsi oubliée jusqu'au matin, me croyant au paradis !» Alors la mère lui demanda : «Rien ne s?est passé ?» Et la jeune fille, étonnée, répondit : «Non rien !» A ces paroles, le père et la mère, à la limite du désespoir, se frappèrent le visage, en s'écriant : «ô notre honte ! ô notre malheur ! Pourquoi ton époux nous méprise-t-il et te dédaigne-t-il à ce point ?» Puis le roi peu à peu entra dans une grande colère et se retira en criant à son épouse d'une voix assez forte qui fut entendue de la petite : «Si la nuit prochaine KamaraIzamân ne remplit pas son devoir envers notre fille et en sauvant ainsi notre honneur à tous, je saurai bien châtier son indignité ! Je le chasserai du palais, après l'avoir fait descendre du trône que je lui ai donné, et je ne sais même si je ne lui infligerai pas un châtiment encore plus terrible !» Ayant dit ces paroles, le roi Armanos sortit de la chambre de sa fille consternée, suivi de son épouse dont le nez s'allongeait jusqu'à ses pieds. Aussi lorsque, la nuit venue, Sett Boudour fut entrée dans la chambre de Haïat-Alnefous, elle la trouva toute triste, la tête enfouie dans les coussins et secouée de sanglots. Elle s'approcha d'elle et la baisa sur le front, lui essuya les larmes et l'interrogea sur le sujet de sa peine ; et Haïat-Alnefous lui dit d'une voix émue : «O mon seigneur aimé, mon père veut te reprendre le trône qu'il t'a donné et te renvoyer du palais ; et je ne sais ce qu'il veut encore te faire ! Et tout cela parce que tu ne veux pas sauver l'honneur de son nom et de sa race ! Il veut absolument que la chose soit faite cette nuit même ! Et moi, ô mon maître bien-aimé, si je te dis cela, ce n'est point pour te pousser à prendre ce que tu dois prendre, mais pour te garantir du danger dont il te menace. Car toute la journée je n'ai fait que pleurer en pensant à la vengeance que mon père prémédite contre toi ! A ces paroles, Sett Boudour se dit : «C'est le moment ! Je vois bien qu'il n'y a plus moyen de différer ! Je mets ma foi en Allah !» Et elle dit à la jeune fille : «Mon ?il, m'aimes-tu beaucoup ?» Haïat-Alnefous lui répondit : «Comme le ciel !» Boudour lui demanda : «Combien encore ?» Elle répondit : «Je ne sais pas, mais beaucoup !» Elle lui demanda encore : «Puisque tu m'aimes tant que cela, aurais-tu été heureuse si, au lieu d'être ton époux, j'avais été seulement ton frère ?» L'enfant battit des mains et répondit : «Je serais morte de bonheur !» Boudour dit : «Et si j'avais été, ma gentille, non pas ton frère, mais ta s?ur ; si j'avais été comme toi une jeune fille, au lieu d'être un jeune homme, m'aurais-tu autant aimée ?» Haïat-Alnefous dit : «Encore plus, parce que j'aurais été toujours avec toi, j'aurais toujours joué avec toi, couché dans le même lit que toi, sans que nous nous séparions jamais !» Alors Boudour attira la jeune fille tout contre elle, l?embrassa et lui dit : «Eh bien, Haïat-Alnefous, serais-tu capable de garder pour toi seule un secret et de me donner ainsi une preuve de ton amour ? » La jeune fille s'écria : «Puisque je t'aime, tout m'est facile !» (à suivre...)