Exposition n Une fois encore, et dans le cadre de ses activités culturelles, l?espace Top Action accueille, au sein de sa galerie aux deux bassins à Ben Aknoun, deux artistes, un peintre algérien et un calligraphe syrien. Rezki Zerarti, ayant acquis depuis 1963 une longue et enrichissante expérience en matière d?expression picturale, expose une série de tableaux s?inscrivant, à première vue, dans le genre abstrait. Dès le premier abord, l??il est interpellé, agressé par moments par les couleurs qui s?en dégagent. Il est fortement saisi tant l?intensité des tons est dense et autoritaire et nettement imposante. L?on est ainsi pris par la vivacité des couleurs qui se veulent chaudes et violentes, et dans certains tableaux menaçantes. D?autres peintures, en revanche, se veulent quiètes tant les couleurs y sont lyriques et délassantes dans une invitation à des rêveries solitaires. Deux couleurs ponctuent conjointement ces peintures : le vert et le bleu. D'où la difficulté de les combiner au sein d?un même espace, sachant d?emblée que ces deux couleurs ne peuvent être associés tout en gardant leur naturel et leur vitalité. Il faut vraiment avoir le doigté de les mêler sans risquer d?altérer leur qualité. De ces couleurs aussi bien chaudes que sereines naît un monde occupé par des figurines devenant, après mutation, des personnages, anonymes cependant. Revêtant des silhouettes informes, imprécises, mouvantes et évanescentes, ces personnages, comme surgissant d?un rêve opaque et désordonné, se meuvent dans tous les sens pour changer, par la suite, d?apparence : les formes s?allongent puis s?écourtent, s?arrondissent et se rétrécissent en même temps. Les personnages naissent, puis s?estompent. D?autres figures, tantôt humaines, tantôt animales (oiseaux) prennent possession de l?espace. Elles évoluent en prenant des proportions dans des allures surprenantes ; et comme pour suivre le cycle des métamorphoses, elles s?effacent peu à peu pour disparaître à jamais et réapparaître autrement dans une nouvelle spécialité. Ainsi, dans cette métamorphose récurrente, voire périodique, un paysage de motifs divers apparaît. L?espace change de configuration et une nouvelle fantasmagorie se met en place. Cela laisse une liberté à l??il d?interpréter différemment le contenu de chaque peinture. La lecture se veut donc plurielle et à des niveaux divers. Aux côtés de Rezki Zerarti, le Syrien Salah Eïd expose, lui, un ensemble de calligraphies dans le genre diwani ou farissi, ou bien diwani-riqihi. Ces travaux témoignent de la maîtrise du qalam qui, lui, est correctement soutenu par un geste avéré et agissant. Cette assurance, on la voit manifestement dans la trajectoire franchement parcourue par le qalam qui laisse derrière lui diverses configurations, toutes formées par des signes de l?alphabet arabe. Des mots, ou des énoncés phrastiques ou encore des textes naissent sous nos yeux, leur offrant la beauté des lettres arabes, lettres pleines de grâce et de joliesse, des lettres nobles et épurées à vocation poétique.