A la fin du XIXe siècle, les astronomes, qui disposent enfin de télescopes dignes de ce nom, ont tôt fait de détecter une douzaine de nouvelles miniplanètes entre Mars et Jupiter. Aujourd'hui, on en connaît deux ou trois milliers et leur nombre total est estimé à quelques centaines de milliers. On a pris l'habitude de les désigner sous le nom de «ceinture d'astéroïdes». Le plus curieux est que cette ceinture est bien là où Titius et Bode avaient prévu qu'il existait une planète. Très vite, le milieu scientifique s'est interrogé sur la théorie d'Olbers : ces astéroïdes étaient-ils bien les restes d'une planète explosée ? Deux hypothèses sont émises. Soit cette ceinture ne serait qu'un ensemble de blocs qui, d'abord, n'auraient pas encore pu constituer une planète ; soit ces astéroïdes seraient bien des fragments d'un monde disparu... Pour une bonne partie des partisans de cette deuxième hypothèse, cette planète aurait pu entrer en collision avec Jupiter. Pour d'autres, elle aurait pu être disloquée par l'impact d'une comète. Pour quelques-uns, la gravitation de la masse de Jupiter aurait pu finir par arracher des fragments de cette planète... Une autre hypothèse a cependant connu un vif succès. La planète disparue aurait été «soufflée» de l'intérieur. On a ainsi suggéré que les eaux de ses océans auraient pu se déverser brutalement sur le noyau en fusion et faire exploser l'ensemble, à la manière d'un volcan sous-marin qui explose quand l'océan se déverse sur la lave bouillante et se transforme en vapeur. Les Soviétiques ont toujours marqué un vif attachement pour ce scénario. C'est l'académicien Sergei Orloff qui a donné à cette planète le nom de Phaéton. Dans la légende grecque, Phaéton est le fils du dieu Soleil dont il se permet de conduire un peu trop vite le char ; il finit par écorcher la Terre et les dieux, pour sauver les hommes, décident de détruire Phaéton. On sait que de nombreuses météorites tombent régulièrement sur la Terre. En Occident, on en connaît qui sont faites d'un alliage fer-nickel et même de minéraux divers. Manifestement, celles qui tombent en Union soviétique sont différentes. Le professeur Zigel en a trouvé qui contenaient des pierres volcaniques et même de la pierre de chaux, une roche sédimentaire formée par les coquilles fossiles des animaux microscopiques qui se déposent au fond de certaines mers. Cela ne pouvait que renforcer la thèse selon laquelle Phaéton était une planète comme la Terre et possédait des océans. On connaît les tectites, de petites météorites faites de métal pur, souvent vitrifiées par leur franchissement de l'atmosphère ; le fond des océans en est plein et elles constituent une fabuleuse réserve de matières premières. Pour les partisans de l'existence de Phaéton, ces tectites ne seraient que des scories post-atomiques, des sortes de preuves de la vitrification de la planète disparue à la suite d'un quelconque drame nucléaire. Evidemment, la communauté scientifique internationale est loin de souscrire, même partiellement, à ces théories très répandues en Union soviétique. Quels sont les arguments des Occidentaux pour expliquer cette étrange ceinture d'astéroïdes ?