Résumé de la 48e partie n Retrouvant avec bonheur son talisman, Sett Boudour renvoya le capitaine du navire pour ramener Kamaralzamân, qu?elle présenta comme son ex-cuisinier. A ces paroles, le capitaine ne put répondre que par l'ouïe et l'obéissance et, malgré le préjudice que ce départ forcé portait à ses marchandises, il pensa en être tout de même dédommagé, à son retour, par le roi, et mit aussitôt à la voile. Et Allah lui écrivit une si heureuse navigation qu'il arriva en quelques jours à la ville mécréante et débarqua de nuit avec les marins les plus solides de son équipage. Aussitôt, il se rendit avec son escorte au jardin habité par Kamaralzamân et frappa à la porte. A ce moment, Kamaralzamân, ayant fini son travail de la journée, était assis, fort triste et, les larmes aux yeux, se récitait des vers sur la séparation. Mais en entendant frapper à la porte, il se leva et alla demander : «Qui est là ?» Le capitaine prit une voix cassée et dit : «Un pauvre d'Allah !» A cette supplique, dite en arabe, Kamaralzamân sentit battre son c?ur de commisération ; il ouvrit. Mais aussitôt, il fut appréhendé et garrotté ; et son jardin fut envahi par les marins qui, voyant les vingt pots rangés comme la première fois, se hâtèrent de les emporter. Puis ils s'en retournèrent tous au navire et mirent immédiatement à la voile. Alors le capitaine, entouré de ses hommes, s'approcha de Kamaralzamân et lui dit : «Ah ! c'est toi l'amateur de garçons qui as corrigé l'enfant, dans la cuisine du roi ! A l'arrivée du navire, tu trouveras le pal tout prêt à te rendre la pareille, à moins que, dès maintenant, tu ne préfères être embroché par ces gaillards continents !» Et il lui montra les marins qui clignaient de l'?il en le regardant, car ils le trouvaient excellent comme aubaine à se mettre sous la dent. A ces paroles, Kamaralzamân qui, bien que libéré de ses liens depuis l'arrivée à bord, n'avait prononcé mot et s'était laissé aller à sa destinée, ne put supporter pareille imputation et s'écria : «Je me réfugie en Allah ! N'as-tu pas honte de parler de la sorte, ô capitaine ? Prie pour le Prophète !» Le capitaine répondit : «Que la bénédiction d'Allah et la prière soient sur Lui et sur tous les siens ! Mais c'est bien toi qui as fait subir les pires sévices au garçon !» A ces paroles, Kamaralzamân s'écria de nouveau : «Je me réfugie en Allah !» Le capitaine répliqua : «Qu'Allah nous fasse miséricorde ! Nous nous mettons sous sa garde !» Et KamaraIzamân reprit : «O vous tous, je jure sur la vie du Prophète (sur Lui la prière et la paix !) que je ne comprends rien à pareille accusation et que je n'ai jamais mis les pieds dans cette île d'Ebène, où vous me menez, et dans le palais de son roi ! Priez pour le Prophète, ô bonnes gens !» Alors tous répliquèrent, suivant l'usage : «Que sur Lui soit la bénédiction !» Mais le capitaine reprit : «Alors tu n'as jamais été cuisinier et tu n'as jamais battu d'enfant dans ta vie ?» Kamaralzamân, à la limite de l'indignation, cracha à terre et s'écria : «Je me réfugie en Allah ! Faites de moi ce que vous voudrez car, par Allah ! ma langue ne tournera plus pour de pareilles réponses !» Et il ne voulut plus dire un mot. Alors le capitaine reprit : «Quant à moi, ma mission sera accomplie quand je t'aurai livré au roi. Si tu es innocent, tu te débrouilleras comme tu pourras !» (à suivre...)