Résumé de la 46e partie n Attéré, Kamaralzamân regarde le navire partir sans lui. Il revient au jardin où il est désormais seul. Sur l?île d?Ebène, où le vaisseau accosta, Boudour monta à bord dans l?espoir de trouver son prince. Lorsqu'elle fut arrivée à bord, elle fit appeler le capitaine et lui dit qu'elle voulait visiter son navire. Puis, lorsqu'elle se fut assurée que Kamaralzamân n'était point au nombre des passagers, elle demanda, par curiosité, au capitaine : «Qu'as-tu avec toi comme cargaison, ô capitaine ?» Il répondit : «O mon maître, outre les marchands qui sont passagers, nous avons dans nos cales de fort belles étoffes et des soieries de tous les pays, des broderies sur velours et des brocarts, des toiles peintes anciennes et modernes du plus bel effet, et d'autres marchandises de prix ; nous avons des médicaments chinois et indiens, des drogues en poudres et en feuilles, des dictames, des pommades, des collyres, des onguents et des baumes précieux ; nous avons des pierreries, des perles, de l'ambre jaune et du corail ; nous avons aussi des aromates de toutes sortes et des épices de choix, du musc, de l?ambre gris et de l?encens, du mastic en larmes transparentes, du benjoin gouri et de l?essence de toutes les fleurs ; nous avons également du camphre, de la coriandre, de la cardamome, des clous de girofle, de la cannelle de Serendib, du tamar indien et du gingembre ; enfin nous avons embarqué, au dernier port, des olives de qualité, de celles dites ?des oiseaux?, celles qui ont une peau très fine et une chair douce, juteuse, de la couleur de l?huile blonde?» A ce moment de sa narration, Shahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. Mais lorsque fut la deux cent vingt-cinquième nuit, elle dit : «Celles qui ont une peau très fine et une chair douce, juteuse et de la couleur de l'huile blonde.» Lorsque la princesse Boudour eut entendu ce mot d'olives, comme elle raffolait des olives, elle arrêta le capitaine et lui demanda, avec des yeux brillants de désir : «Ah ! Et combien en avez-vous de ces olives des oiseaux ?» Il répondit : «Nous en avons vingt gros pots.» Elle dit : «Sont-ils très gros, dis-le moi ? Et contiennent-ils aussi des olives de la qualité farcie, tu sais, celle dont on enlève les noyaux pour les remplacer par des câpres acides, et que mon âme préfère de beaucoup aux autres avec noyaux ?» Le capitaine ouvrit les yeux et dit : «Je crois qu'il doit aussi y en avoir dans ces pots.» A ces paroles, la princesse Boudour sentit la salive lui remplir le palais de désir insatisfait et elle demanda : «Je désirerais fort acheter l'un de ces pots.» Le capitaine répondit : «Bien que le propriétaire ait manqué le vaisseau, au moment du départ, et que je ne puisse en disposer librement, notre maître le roi a le droit de prendre ce qui lui plaît !» Et il cria : «Hé ! vous autres, apportez de la cale l'un des vingt pots d'olives !» Et aussitôt les marins apportèrent, l'ayant sorti de la cale, l'un des vingt. Sett Boudour fit lever le couvercle et fut si émerveillée de l'aspect admirable de ces olives des oiseaux qu'elle s'écria : «Je désire acheter les vingt ! Combien peuvent-ils coûter au cours du souk ?» Le capitaine répondit : «Au cours du souk de l'île d'Ebène, les olives valent bien maintenant, je pense, cent drachmes le pot.» Sett Boudour dit à ses chambellans : «Payez au capitaine mille drachmes pour chaque pot.» Et elle ajouta : «Lorsque tu retourneras au pays du marchand, tu lui payeras ainsi le prix de ses olives.» Et elle s'en alla, suivie des porteurs chargés des pots d'olives. (à suivre...)