Art n L?artiste révèle un monde qu?elle découvre et sur lequel elle porte un certain intérêt d?ordre affectif. La Casbah, ville millénaire et symbole de la fierté ainsi que de la grandeur de la ville d?Alger, semble susciter, une fois encore, l?admiration de nombre de visiteurs, notamment les artistes. Catherine Rossi tombe sous le charme de La Casbah et son émerveillement est mis en ?uvre dans deux genres d?expression : photographie et peinture. Les deux sont recueillis dans un livre paru aux éditions Dalimen, qui a pour titre Double regard. Ces deux supports, la photographie et la peinture, se conjuguent harmonieusement. Ils se combinent, se complètent, même s?ils peuvent fonctionner séparément. Le regard de l?artiste est double, regard croisé, mais aussi complémentaire. Rue de La Casbah, mausolée de Sidi Abderrahmane ou encore vue des terrasses des demeures mauresques, ainsi que la figure emblématique de la cité, à savoir le palais du Dey, sont autant de décors qui sont pris par l??il de l?objectif ou peints, donc figés dans l?instant. L?artiste ne cherche pas, dans ses productions, à sublimer ce que l??il perçoit, à rendre l?extérieur plus féerique ou à cultiver le pittoresque et le merveilleux. Point de transfiguration ou d?exaltation. Elle cherche, au contraire, une manière (véridique) d?approcher, que se soit par la photographie ou par la peinture, un monde qui l?intrigue. Elle veut le comprendre, le saisir. Catherine Rossi révèle un monde qu?elle découvre et sur lequel elle porte un certain intérêt d?ordre affectif, puisqu?elle manifeste une profonde attention à La Casbah et même au Vieil Alger. Par la photographie, elle donne une vue réaliste de La Casbah : une cité qui tombe en ruines, menacée d?effondrement, de disparition. Les photographies sont certes prises en couleur, mais toutes semblent manquer de couleur, de tonalité et de vie. Les décors mauresques nous semblent sombres et sans aucune expressivité. C?est-à-dire morts. Altérée par le temps, notamment par l?indifférence de l?homme, la vie est effectivement absente. Mais parallèlement, l?artiste cherche à donner des couleurs et une vie à cette cité qui fut, dans le temps, grande et fière, hautaine et imposante dans toute la Méditerranée. Les aquarelles consacrées à quelques décors mauresques, des peintures se présentant dans des volumes raffinés et furtifs ainsi que dans des couleurs belles et sensuelles, viennent conférer un autre dynamisme à tous ces décors qui nous semblent inanimés et sans vie.