Lutte n Loin des feux de la rampe, les vétérinaires mènent discrètement leur mission, celle de veiller sur la santé publique en traquant toute maladie touchant les animaux et qui pourrait se transmettre à l?homme. Mardi, 22 novembre, à 10 heures, au niveau de l?inspection des services vétérinaires de la wilaya de Boumerdès, une équipe, constituée de trois membres, s?apprête à sortir sur le terrain. «Il faut dire que depuis l'apparition de la grippe aviaire, notre charge de travail a augmenté sachant qu?elle était déjà insoutenable», dira le chargé de l?organique au niveau du syndicat, M. Sayad. Celui-ci viendra chapeauter durant cette journée, le déplacement de deux vétérinaires sur le terrain. «Il s?agit d'analyser deux pigeons, retrouvés morts par un citoyen dans la cour de sa maison, dans la commune d?El-Karma», précise M. Sayad. Il expliquera que depuis que les médias parlent de la grippe aviaire, des citoyens inquiets aux quatre coins de la wilaya se sont mis à contacter les services vétérinaires pour être rassurés. «Un poulet, un pigeon retrouvé mort et tout de suite, la paranoïa s?empare de ces gens.» A 10h 30, le véhicule prêté par les services de la wilaya de Boumerdès prend la direction de ladite commune. Après un quart d?heure de route, le véhicule arrive au domicile de M. K. qui attendait impatiemment les vétérinaires. Ces derniers trouveront les deux pigeons morts mis dans un seau devant la porte d?entrée de la maison. Une vétérinaire enfile des gants et se saisit tranquillement de l?un des pigeons pour une première auscultation. «Aucun signe clinique n?indique les symptômes de la grippe aviaire», dira-t-elle, entourée par ses collègues et les habitants du domicile. Même constat pour le deuxième pigeon. A ce moment, M. K et tous les membres de sa famille poussent un ouf de soulagement. Il expliquera à la vétérinaire, qui note scrupuleusement chaque détail sur son calepin, que tôt le matin, il avait retrouvé les deux pigeons, au pied d?un palmier se trouvant dans la cour de sa maison. «Ils sont tombés d?un arbre», dira t-il ajoutant que des pigeons se posent régulièrement sur ce palmier, mais que c?est la première fois, qu?on en retrouve un, mort, à son pied. Stressé, M. K se confie, dans l?espoir d?aider au mieux ces vétérinaires à mener à bien leur mission. «Avez-vous utilisé un quelconque insecticide durant ces derniers jours ? Y a t-il un oued dans les environs ? Avez-vous des oiseaux en cage chez vous ? Existe-t-il un élevage de poulets près de chez vous ?», sont autant de questions que l?enquêtrice pose pour bien cerner la situation. Une fois le travail accompli, les pigeons sont mis dans un bac pour être envoyés au laboratoire régional vétérinaire de Drâa Ben-Khedda, dans la wilaya de Tizi Ouzou. A 11h, le véhicule démarre en direction du laboratoire. Le déplacement durera une heure et quart. «Cela fait partie de notre métier que de rouler en direction de villages reculés, parfois, aux dépens de notre sécurité», dira M. Sayad. Ainsi, la route et le risque font partie du métier, d?autant que 80 % des vétérinaires ne sont pas issus de la wilaya de Boumerdès. Au laboratoire de Drâa Ben Khedda, les vétérinaires arrivent avec un colis important. Les tests y seront pratiqués pour s'assurer que la mort des pigeons n?a rien à voir avec la grippe aviaire. «Durant cette étape, nous procéderons à une autopsie ainsi qu?à un test sérologique qui détermineront la nature de la mort des deux pigeons. Une fois les résultats connus, ils seront remis aux autorités compétentes ainsi, qu?à la presse». La mission du vétérinaire ne s?arrête pas pour autant, puisque depuis le début de la grippe aviaire, des citoyens paniqués appellent à chaque fois qu?ils tombent sur un oiseau mort.