Accusation n Le ministère de l'Intérieur est le premier à être pointé du doigt, affirme l?ex-Premier ministre Iyad Allaoui. Dans une entrevue publiée, aujourd?hui dimanche, par un hebdomadaire britannique, Iyad Allaoui, qui avait été le premier chef de gouvernement irakien de l'après-Saddam, atteste que «les atteintes au droit de l'Homme en Irak sont au même niveau, ou pires, que quand Saddam Hussein était au pouvoir.» L'ancien Premier ministre, qui a dirigé le gouvernement intérimaire de Bagdad jusqu'en avril, a directement mis en cause le ministère irakien de l'Intérieur, affirmant que «beaucoup d'Irakiens étaient torturés ou tués pendant les interrogatoires». «Ils font la même chose qu'à l'époque de Saddam Hussein et pire encore», a-t-il dit, ajoutant : «C'est une comparaison appropriée. Les gens se souviennent de l'époque de Saddam. Cela a été précisément la raison pour laquelle nous avons combattu Saddam Hussein et maintenant nous voyons les mêmes choses se répéter.» Les remarques de Allaoui surviennent deux semaines après un raid des troupes américaines dans un centre secret de détention en Irak où elles ont découvert quelque 170 détenus manquant d'eau, de nourriture et de soins médicaux. Des photos, diffusées par les religieux sunnites, montraient des prisonniers couverts de brûlures, d'ecchymoses et de traces de coups. Allaoui a largement critiqué les forces dépendant de l?autorité du ministre de l'Intérieur, Bayan Bager Solagh. «Je ne blâme pas le ministre lui-même, mais les hommes de base qui sont derrière les centres secrets et certaines exécutions qui y ont lieu», a-t-il souligné. «Nous entendons parler de police secrète, de bunkers secrets où les gens sont interrogés. Beaucoup d'Irakiens sont torturés et tués au cours des interrogatoires. Nous voyons même des tribunaux de la charia, basés sur la loi islamique, qui jugent les gens et les exécutent», a-t-il ajouté. L'ancien Premier ministre irakien a estimé que si une action immédiate n'est pas menée, «le mal deviendra contagieux et se répandra à tous les ministères et à toutes les structures du gouvernement de Bagdad.» «L'Irak est la pièce centrale de la région. Si les choses tournent mal, ni l'Europe ni les Etats-Unis ne seront à l'abri», a-t-il fait valoir.