En dépit de la batterie de mesures sécuritaires mises en place par le gouvernement allaoui, les frappes de la guérilla ne se sont point estompées. C'est à proximité d'un poste de contrôle de la garde nationale, pas loin de l'entrée des bureaux du premier ministère irakien, qu'a explosé la voiture piégée hier matin. Les premiers bilans, non définitifs, faisaient état de 10 morts et 40 blessés. Immédiatement après la déflagration, des ambulances affluaient de partout vers la zone verte, alors que des hélicoptères la survolaient à très basse altitude. L'endroit où a eu lieu l'explosion, la zone verte de la capitale irakienne hyperprotégée par les forces de la coalition, montre clairement que la guérilla possède des capacités de frappe non négligeables. L'attentat est une réponse cinglante au Chef du gouvernement irakien, qui annonçait que l'insécurité a sensiblement baissé depuis la mise en place des mesures décrétées par son cabinet depuis le 1er juillet. Iyad Allaoui semblait sûr de lui, particulièrement après l'importante saisie, en une semaine, de 4 tonnes d'explosifs, 20 lanceurs de roquettes Katioucha et 550 armes. La rafle policière d'hier, qui a vu l'arrestation de plus de 500 personnes dans le cadre des nouvelles dispositions sécuritaires, n'a apparemment pas découragé pour autant la guérilla irakienne. Il n'a pas fallu plus d'une semaine pour que Bagdad revive les scènes d'horreur. À 9 heures 20 minutes locales, une violente explosion a fait voler en éclats les vitres des immeubles avoisinant la zone verte de la capitale irakienne, où se trouve le quartier général de la coalition et les bureaux du gouvernement et des différents ministères irakiens. L'attentat s'est produit à une centaine de mètres de l'ambassade de la Grande-Bretagne. Selon un policier, la voiture qui a explosé contenait 450 kg d'explosifs. 2 heures plus tard, flanqué de son adjoint Barham Saleh et protégé par de nombreux hommes armés, Iyad Allaoui s'est présenté devant la presse pour accuser “les criminels” dans cette “agression flagrante contre le peuple irakien, nous allons traîner ces criminels devant la justice”. Le premier ministre ajoutera : “je pense que c'est une réponse à de récentes arrestations, au cours des deux derniers jours.” Selon lui, l'attentat a coûté la vie à 3 membres de la garde nationale et 7 civils, plus 40 blessés. Sur un autre plan, la coalition s'affaiblit à la suite de la décision des Philippines de retirer ses forces d'Irak. Dans l'espoir de sauver la vie de l'otage philippin, entre les mains du groupe islamiste Khaled Ibn Al-Oualid, le gouvernement de ce pays a tout simplement décidé de retirer ses troupes présentes en Irak. Le retrait des 51 soldats philippins a été entamé hier, selon le ministère des affaires étrangères des Philippines, en dépit de la mise en garde des Etats-Unis, qui y voit un “mauvais signal” en direction des terroristes. Une détérioration des relations américano-philippines n'est pas écartée par les observateurs, qui estiment même que Manille pourrait payer le prix fort de cette décision de retrait de ses troupes. K. A. Rapport Butler Blair blanchi Le Premier ministre britannique Tony Blair n'est pas responsable des défaillances des informations des services de renseignement britanniques sur les armes de destruction massive de Saddam Hussein, avant la guerre en Irak, a conclu hier le rapport Butler. Le rapport très attendu de Lord (Robin) Butler a également estimé que beaucoup des informations des services de renseignements britanniques utilisées pour justifier la guerre en Irak étaient peu fiables. L'Irak n'avait probablement pas d'armes de destruction massive utilisables avant la guerre, a notamment avancé ce rapport consacré à la “performance” des services secrets britanniques avant la guerre en Irak.