Mystère Le soir du 28 février 1986, le Premier ministre suédois Olof Palme était abattu par un inconnu dans une rue de Stockholm. Aujourd'hui encore, cet assassinat reste, pour la Suède, «l'énigme du siècle». Il est 23h 21. Olof Palme marche dans une rue enneigée après une séance de cinéma. Soudain, un inconnu s'approche, tire deux balles avant de s'enfuir. Sa victime s'écroule. A l'hôpital, le décès est constaté à 00h 06. Le royaume, fier de sa «société ouverte» dans laquelle le chef du gouvernement pouvait se promener sans protection particulière, est sous le choc, le peuple en deuil. Les Suédois viennent par milliers sur les lieux de l'attentat, déposant des brassées de roses rouges, symbole du Parti social-démocrate dont M. Palme était le chef. Nombre d'anonymes apportent lettres et poèmes qu'ils déposent avec recueillement. Le monde s'associe à la douleur des Suédois : des télégrammes de chefs d'Etat ou de gouvernement, de parlementaires et de responsables politiques affluent au siège du gouvernement. Porte-drapeau de son pays sur la scène internationale et promoteur du «modèle» social-démocrate suédois hors de ses frontières, celui qui avait critiqué publiquement l'intervention militaire américaine au Vietnam est entré dans l'Histoire comme l'avocat du tiers-monde et du désarmement. Depuis 1986, plusieurs centaines d'enquêteurs ont été chargés d'élucider le meurtre. Qui a tué et pourquoi ? Ils suivent une multitude de pistes, celle du Parti ouvrier du Kurdistan (PKK) ? idée fixe du premier chef enquêteur, Hans Holmer ?, celle du tueur isolé, privilégiée dans les années 1990, la piste sud-africaine, ou encore le complot Bofors, du nom d'une société d'armements suédoise qui avait décroché en 1986 un gros contrat avec l'Inde, pour lequel M. Palme avait joué un rôle important. L'affaire, qui n'est toujours pas résolue, a connu un rebondissement spectaculaire fin 1988 avec l'arrestation d'un Suédois, Christer Pettersson, alcoolique et toxicomane, condamné puis acquitté faute de preuves. En 2000, le nombre d'enquêteurs a été réduit à une douzaine. Quant à l'arme du crime, un Magnum 367, elle n'a jamais été retrouvée. La prescription étant de vingt-cinq ans en Suède, le meurtre d'Olof Palme sera prescrit le 28 février 2011.