Résumé de la 8e partie n La culpabilité de Jeanne Weber dans le meurtre de quatre enfants de sa famille apparaît évidente aux enquêteurs, mais pour l?établir, il faut des preuves matérielles. Le juge Ledey fait appel pour cela au docteur Thoinot, proche collaborateur de Brouardel, maître de la médecine légale parisienne en ce début de XXe siècle. Brouardel a publié notamment, en 1897, un ouvrage remarqué, La pendaison, la strangulation, la suffocation et la submersion, où il a résumé les résultats de ses recherches dans ces domaines de la criminologie. Thoinot partage ses analyses et lui-même a apporté des confirmations à ses intuitions. Par ses travaux et sa renommée, on le considérait comme un successeur de son maître à la chaire de médecine légale. La justice l?a déjà sollicité dans plusieurs affaires ; il a effectué des examens et des autopsies. Si ses amis l?encensent, ses détracteurs lui reprochent sa suffisance, sa trop grande confiance en lui et surtout son obstination. En sollicitant son aide dans l?affaire Weber, le juge Ledey lui demande d?examiner les traces que porte au cou le petit Maurice Weber, qui a échappé de justesse à la mort et de faire l?autopsie des victimes supposées de Jeanne. Le 10 avril 1905, Mme Charles Weber, sous convocation de la police, conduit son fils Maurice, à l?hôpital Saint-Antoine où le docteur Thoinot doit examiner l?enfant. Thoinot a été mis au courant de ce qui s?est passé le 5 avril et on lui a remis le rapport du docteur Saillant qui l?a reçu en urgence et soigné ce jour-là. Il examine le cou du jeune Maurice et s?exclame : «Voyons, où est passée cette prétendue trace de strangulation ? ? Vous voulez parler de la trace que Maurice avait au cou ? demande timidement la mère. ? Oui, dit le médecin. ? Elle a disparu, hier.» Le médecin a un sourire ironique. «Comment cela, disparu ? Etes-vous sûre que cette trace a réellement existé ? ? Bien sûr, dit la jeune femme. Elle était rouge, au début, puis elle est devenue bleue avant de s?estomper progressivement et de disparaître.» L?examen s?arrête là. Dans le rapport qu?il rédige à l?intention du juge Ledey, le docteur Thoinot écrit que le petit Maurice est de constitution solide et qu?il ne semble nullement avoir été la victime d?une tentative d?assassinat. La trace de strangulation, signalée au cou par la mère et le docteur Saillant, a disparu. Le médecin légiste laisse clairement entendre qu?il doute que cette trace ait jamais existé, du moins en tant que trace de strangulation. C?est la mère qui a dû inventer cette histoire pour se venger de sa parente. Quant au docteur Saillant, il s?est trompé en parlant de strangulation. Il concède cependant que le petit Maurice ait pu souffrir d?une contraction de la glotte, mal fréquent chez les enfants de cet âge. Le juge Ledey est surpris par le ton tranchant du médecin, qui conclut son rapport en ces termes : «Les médecins de l?hôpital Bretonneau parlent d?une tentative de strangulation, quant à nous, nous nous refusons à conclure autrement que par la négative.» Va pour Maurice Weber. Mais il reste encore les autopsies des enfants Weber décédées chez Jeanne? (à suivre...)