Film n Le Couperet (*) a été projeté, en avant-première, dimanche, à la salle El-Mougar, et ce dans le cadre des journées du film français à Alger. Réalisé par Costa-Gavras ce film, qui a pour acteur principal José Garcia, met en scène un cadre supérieur qui s?est fait licencier à la suite d'une restructuration. Pour retrouver son poste et son statut de cadre, celui-ci n?hésite pas à faire fi de ses états d?âme : il tue sans regret ses concurrents, ceux qui, ayant un curriculum vitae susceptible d?intéresser les recruteurs, postulent pour le même poste. Il est aveuglé par son ambition, mais surtout dévoré par sa colère, ce sentiment qui lui donne hardiesse et détermination. Il entre alors dans une spirale incontrôlée sans pouvoir s?arrêter ou renverser le cours des événements. Car il est déterminé à aller jusqu?au bout de sa logique. Il devient victime de sa folie meurtrière au risque de se faire arrêter. Il y prend goût, d?ailleurs. Eliminer ses concurrents devient pour lui une sorte de plaisir. Le Couperet est «un film noir sur la déraison effrayante d?un homme ordinaire» qui menait une vie exemplaire et honnête avant de devenir, après son licenciement, fou, mais d'une démence raisonnée. L?on est frappé dans le film par la subtilité du scénario dont l?écriture est soutenue et les faits qui se déroulent d?une façon cohérente et accrocheuse. L'on est également saisi par le caractère de la mise en scène : un jeu rendu complet et avéré par José Garcia. En fait, l?on est littéralement impressionné par ce réalisme si effectif et convaincant. Costa-Gavras y met toute sa créativité ainsi que son savoir-faire pour nous raconter une histoire à laquelle personne ne pouvait penser. Il s?agit certes d?une fiction mais potentiellement réaliste : cela peut arriver ! Quant à José Garcia, qui nous a habitués à des interprétations beaucoup plus vivantes, amusantes et colorées dans des comédies qui nous ont fait rire, il joue un personnage sombre à la fois fou et lucide, convaincu et réticent, distant et proche, conscient et oublieux, éprouvant par moments des sentiments pour ses adversaires et quelquefois du regret pour ce qu?il fait puisqu?il se lave à chaque fois qu?il commet son forfait, il est en même temps inhumain et froid, impitoyable et haineux, fermé sur lui-même et hostile à la société. En agissant ainsi, il compte régler ses comptes avec une société régie par la loi de la sélection : seuls les plus forts sont aptes à se maintenir en haut de l?échelle sociale. (*) Le Couperet, distribué par Sora Production, sera présenté ce mercredi à la salle El-Mougar à 19h 30.