Tandis que le complot se tramait, Philippe le Bel flatta le grand-maître et augmenta même ses privilèges pour ne pas exciter sa méfiance. Puis, quand il jugea le moment favorable, il fit arrêter, le 13 octobre 1307, Jacques de Molay et 140 Templiers, qui résidaient à Paris ; on arrêta aussi en même temps ceux qui se trouvaient dans les diverses provinces, sans aucune procédure préalable (Philippe le Bel s'était seulement assuré d'avance l'assentiment de l'Université). L'inquisiteur de France, Guillaume de Paris, dirigea l'instruction du procès. Un usage étendu de la torture et de la réclusion arracha, à la fantaisie des juges, tous les aveux possibles aux malheureux chevaliers. La plupart déclarèrent plus tard qu'ils avaient dit «ce que voulaient les bourreaux». Les plus courageux des Templiers se rétractèrent ensuite, cinquante-quatre furent brûlés, comme relaps, près de la porte Saint-Antoine à Paris (1310), et neuf autres à Senlis. La condamnation individuelle des templiers était dévolue aux tribunaux épiscopaux. Le pape, se fondant sur ce que l'Ordre des templiers était dangereux pour la chrétienté, l'abolit solennellement pendant le concile de Vienne (en Dauphiné) qu'il avait spécialement convoqué. Le grand maître Jacques de Molay, et le précepteur de la province de Normandie, Geoffroi de Charnai, qui avaient fait des aveux et avaient été condamnés à la détention perpétuelle, se rétractèrent à leur tour et furent brûlés dans l'Ile-aux-Juifs, à l'extrémité de la Cité, à Paris (18 mars 1314). Comme Clément V mourut un mois après, Guillaume de Nogaret, vers la même époque, et Philippe le Bel, six mois plus tard, on attribua leur port aux dernières paroles prononcées par Jacques de Molay, qui les avait tous assignés devant le tribunal de Dieu. Les biens de l'Ordre du temple furent confisqués et, en général, réunis à ceux de l'Ordre des hospitaliers. Ils furent poursuivis en Lombardie, en Toscane, en Aragon, où ils firent une longue résistance, mais ce n'est qu'en France que les Templiers furent traités avec une pareille sévérité. En Angleterre, ils furent déclarés innocents, expropriés, mais indemnisés. En Allemagne et en Catalogne, il y eut une résistance armée de la part des templiers, retranchés dans leurs châteaux forts. En Castille, après quelques expropriations, ils furent également absous et réunis aux chevaliers de Santiago et de Calatrava. A ce dernier fut d'ailleurs adjoint un ordre spécial, destiné à accueillir les anciens Templiers et qui fut dépositaire de leurs biens : l'Ordre militaire de Montesa. Le roi de Portugal Denis Ier, les conserva, de son côté, sous le nom de milice de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Ce fut l'origine de l'Ordre du Christ.