Résumé de la 3e partie n Inge Staub, la camériste, révèle qu?un homme au visage simiesque était follement amoureux de Minna. Un jour, pour s?en débarrasser, elle lui dit que sa place est au zoo et non au théâtre. Pour le commissaire, ce fan, blessé dans son amour-propre, est un suspect en puissance. Le commissaire Fischer interroge le suspect : «Comment cela s'est-il passé, monsieur Dietrich ?» Malgré l'horreur du crime, le commissaire Fischer parle calmement, presque courtoisement, à I'assassin. C'est qu'il se rend compte que dans toute cette affaire, les schémas ordinaires ne s'appliquent pas. Sans doute, d'ailleurs, Thomas Dietrich relève-t-il plus de la psychiatrie que de la police. Le jeune homme parle d'une voix distinguée mais quelque peu maniérée. «Si vous me demandez comment, cela veut dire que vous savez pourquoi. ? Je sais pourquoi... ? Le singe a fait ce que lui avait conseillé la belle dame : il est aIlé au zoo. Il est allé trouver ses amis les lions... ? Comment vous y êtes-vous pris ? ? Toujours des ?comment? ! C'est vrai que c'est un mot de policier, ça, ?comment?... Je suis donc aIlé au zoo. On ne s'imagine pas comme c'est simple d'entrer dans un zoo. Pour entrer dans la ménagerie, puis pour ouvrir une cage, ce n'est pas compliqué non plus : il suffit de venir la nuit, de faire une empreinte des serrures et voilà. Maintenant que vous savez comment, voulez-vous que je vous dise la suite ?...» Le commissaire Fischer regarde avec une sorte de fascination ce visage où se mêlent la laideur et l'intelligence, la bestialité et la passion avec, comme dernière et visible composante, la folie. Il répond lentement : «Oui. Je veux la suite. ? Comme vous avez dû le comprendre, j'ai profité de la rupture publique de cet imbécile de von Kruger pour passer à l'action. J'étais dans le couloir lorsqu'ils se sont disputés. A cause de la violence de la scène, tout le monde est parti. Ce n'était pas le jour pour les compliments ou les autographes. Je me suis retrouvé seul. Minna est sortie au bout d'une demi-heure. Dans l'état où elle se trouvait, elle ne s'est même pas aperçue que je la suivais. Ma voiture était garée juste devant le théâtre. C'est au moment où elle passait devant que je l'ai assommée d'un coup de matraque. ? Vous aviez une matraque sur vous ? ? Toujours, depuis que j'avais décidé ma vengeance. Je savais que l'occasion pouvait se produire à tout moment. J'ai donc été au zoo, comme elle me l'avait conseillé, mais pas tout seul, avec elle, pour elle. Personne ne nous a vus. Nous sommes arrivés sans problème à la ménagerie. J'ai ouvert la porte et là, j'ai attendu... ? Quoi ?» Les yeux de Thomas Dietrich se mettent à briller d'une manière inimaginable. Il est maintenant tout à fait évident pour le commissaire qu'il est fou. «Qu'elle reprenne conscience... Vous comprenez, je ne voulais pas seulement la tuer. le voulais qu'elle se rende compte, qu'elle hurle de terreur et de douleur quand elle sentirait les griffes et les crocs commencer à la déchirer ! C'est exactement ce qui s'est passé. Cela a même été mieux que prévu. Le lion, quand je l'ai jetée dans la cage, à l'instant précis où elle se réveillait, a été surpris. Pendant cinq bonnes minutes, il a tourné autour d'elle en la reniflant. Elle criait, elle suppliait ! Vous n'avez pas idée !... Ensuite, il lui a donné un premier coup de patte. Mais il ne l'a pas tuée tout de suite. Il s'est encore amusé avec elle longtemps, avant de l'égorger d'un seul coup de dent. ? C'est inhumain ! ? Bien sûr que c'est inhumain ! Ce n'est pas une idée d'homme, c'est une idée de singe ! Ce n'est pas un crime d'homme, c'est un crime de singe ! Je ne suis pas un homme, monsieur le commissaire, je suis un singe ! Un singe !...» Les médecins ont, d'une certaine manière, été du même avis. Ils ont jugé qu'il n'était pas un homme normal du point de vue pénal. lIs l'ont déclaré irresponsable et l'ont envoyé à l'hôpital psychiatrique. Il y a trouvé la mort deux ans plus tard, en se pendant avec ses draps aux barreaux de sa chambre-prison... Comme sa victime, Thomas Dietrich était mort en cage.