Résumé de la 2e partie n La jeune femme, qui a servi de repas au lion Brutus, est identifiée ; il s?agit de Minna Schumann, une jeune comédienne. Dès le début de l?enquête, les soupçons se portent sur Helmut von Kruger, un riche industriel, qui venait de rompre avec elle... Le commissaire Fischer décide de jouer franc-jeu avec son Helmut von Kruger : «Je le crois d'autant moins que ce crime ressemble à tout sauf à une vengeance tout de suite après une rupture. Il a été au contraire soigneusement prémédité. Il a fallu repérer les lieux, se procurer des doubles des clés, tout cela à une époque où mademoiselle Schumann et vous aviez les meilleures relations... Non, quand je disais ?c'est fâcheux !? j'entendais par là que, bien qu'innocent, vous allez forcément devenir suspect et que la presse va s'emparer de l'affaire.» Helmut von Kruger, malgré son visible chagrin, a un léger sourire : «Je vous remercie de ces paroles, monsieur le Commissaire. Mais à la réflexion, il me vient une idée : je pense que l'assassinat de Minna et notre rupture ne sont pas une coïncidence. ? Comment cela ? ? Eh bien, nous nous sommes disputés en public. Notamment après la représentation, dans le couloir qui mène à sa loge. C'est là que je l'ai menacée de mort. Or, comme tous les soirs, il y avait pas mal de monde : des admirateurs, des quémandeurs d'autographe. Supposez que le meurtrier ait été parmi eux, et qu'en m'entendant, il se soit dit que c'était le moment où jamais de passer à l'action. ? C'est une piste à considérer... Me permettez-vous de téléphoner ?» Le banquier passe au policier un récepteur ultramoderne avec lequel il compose le numéro que lui a laissé Inge Staub. La camériste décroche immédiatement. «Madame Staub ! J'aimerais que vous me parliez des admirateurs de votre patronne. Les amoureux éconduits, principalement, même s'il s'agit d'une histoire ancienne.» A l?autre bout du fil, Inge Staub réfléchit quelques instants et puis elle pousse un cri : «Mon Dieu ! Le singe !... ? Qu'est-ce que vous dites ? ? ?Le singe? : c'était ainsi que nous l'appelions, Minna et moi, à cause de son physique. C'était un jeune homme très laid, qui avait vraiment l'air d'un singe. Il était tombé amoureux de Minna et il lui faisait la cour jusque dans sa loge. Minna l'a laissé faire quelque temps car il l'amusait... Il faut dire qu'il était très intelligent. Il lui écrivait des poèmes, il était spirituel. Mais à la fin, elle en a eu assez : il était vraiment trop laid. Elle lui a fait comprendre qu?elle ne voulait plus le voir. Il s?est fâché. Alors, elle l?a injurié. Elle lui a dit?» La camériste se tait, comme terrorisée. Elle est prise de sanglots nerveux? «Qu?est-ce qu?elle lui a dit, madame Staub ? ? Elle lui a dit : ?Avec la tête de singe que vous avez, votre place n?est pas ici, mais dans un zoo !?» C?est au tour du commissaire de garder le silence. Il vient de comprendre la cause de ce crime abominable? Il finit par demander : «Et après, il est revenu ? ? Oui, mais il n?a plus approché Minna. Il s?est contenté de rester à distance, dans les couloirs?» Le commissaire Fischer raccroche. Maintenant, il ne lui reste plus qu?à retrouver l?homme à la tête de singe, ce qui, compte tenu de son physique particulier, ne doit pas lui poser trop de difficulté. Effectivement, le 8 juin, Thomas Dietrich, étudiant en philosophie à l?université de Berlin, est arrêté à Francfort où il se cachait. Et le 9, reconduit dans sa ville d?origine, il se trouve, menottes aux poignets, dans le bureau du commissaire. Thomas Dietrich est plus que laid ; il n?est pas loin d?être monstrueux. Ses cheveux plantés irrégulièrement, sa peau rugueuse, ses oreilles énormes et décollées lui donnent effectivement l?air d?un singe. Mais, passée cette première impression, on ne peut s?empêcher de lui trouver quelque chose d?intéressant, voire d?attachant. Ses yeux expriment une vive intelligence et plus que cela, même. Une sorte de flamme. On dirait que son être tout entier s?est concentré dans son regard? (à suivre...)