Résumé de la 4e partie n A près son entrevue avec Minnie, le détective décide qu'il retrouvera son frère pour une centaine de dollars et sa première étape sera Sugarland... J'ai préféré bifurquer vers l'Est à deux rues du magasin d'alimentation Kroger's sur Montrose Street, avec l'idée que j'y trouverais peut-être Stinger. Et il y était, dans un box côté boulangerie, en train d'étaler de la moutarde sur un bretzel avec une cuillère à café. Je lui ai demandé si le frère de Minnie était du genre à s'attirer des ennuis. — Non, pas ce garçon-là. Ça lui ressemble pas, à moins qu'il soit tombé dans la drogue depuis. Il faisait du foot à l'époque où mon gamin habitait ici avec sa mère. Ses parents sont morts jeunes, mais c'étaient des gens honnêtes, je peux le dire. Evidemment, y'a Minnie et tous ses mecs. Mais bon sang, ça va, ça vient, avec elle, et elle se fait pas payer. C'était comme ça quand je l'ai connue, en tout cas. A l'autre bout de la salle un type couleur café était assis sans rien dire, les genoux dépassant dans le passage, en face de sa petite amie. Elle avait une plaie à la joue et des cercles verts et jaunes autour d'un œil. — Si c'est pas une honte, j'ai dit, en les regardant. Stinger a suivi mon regard et il a mordu dans le bretzel, se mettant de la moutarde sur la barbiche. Il a avalé et il a dit : — Chacun est libre de garder ses chaussettes sèches ou de pisser dans ses bottes et de pleurnicher après parce qu'elles sont mouillées. C'était pas vraiment un homme à principes, Stinger, mais quand il parlait, il fallait le prendre au sérieux. — Verlyn a une copine qui loge près de la voie rapide, a-t-il dit. Je peux pas te donner le numéro, mais je peux t'y conduire. Stinger a ouvert la portière de sa camionnette, a jeté un coup d'œil à droite et à gauche, puis a plongé la main derrière le siège, où il a de la place pour, son artillerie. En le voyant courber les épaules j'ai compris qu'il venait de glisser son P.38 à sa ceinture, sous la chemise. Il a encore regardé aux alentours, puis il a refermé la portière, et on est partis. Pour la moitié supérieure il portait une chemise brune et une casquette de footballeur. Pour la partie inférieure un pantalon marron et des sandales rouges, et il se déplaçait comme si tous ses tendons étaient raides après qu'on l'eut laissé trop longtemps pendu à un porte-manteau. Il avait récupéré cette arme un jour où, en rentrant chez lui après avoir collé du papier peint chez quelqu'un, il avait vu un type qui brandissait un pistolet sur sa véranda et ses enfants qui le regardaient faire. Et Stinger de s'arrêter et de marcher sur l'abruti, la main tendue comme s'il avait une peau à l'épreuve des balles, en lui disant «Je vois que tu veux te débarrasser de ce truc-la, mon gars.» Une femme qui avait assisté à la scène l'avait ensuite racontée partout. (à suivre...)