De l'hôpital à la caserne L'ordre religieux des chevaliers de l'hôpital de Saint-Jean de Jérusalem, dits hospitaliers et parfois johannites, date de l'époque de la première croisade. Ses origines sont restées assez obscures. On peut dire seulement que les hospices fondés en Palestine pour les pèlerins par Grégoire le Grand, à la fin du VIe siècle, et restaurés par Charlemagne, existèrent presque sans interruption jusqu'à la venue des croisés, que les hospitaliers de l'hôpital de Saint-Jean à Jérusalem ? fondé ou restauré par les Amalfitains au XIe siècle, sans doute avant 1070 ? durent vivre d'abord sous la règle de saint Benoît, qu'ils ne formèrent une association religieuse et militaire qu'après la première croisade et qu'enfin dès les premières années de la conquête de la Palestine, ils furent organisés régulièrement en ordre spécial grâce aux efforts persévérants de leur premier chef ou maître, Gérard. Il semble bien que ce Gérard, auquel une bulle du pape de 1143 donne le titre d'institutor, était d'abord un frère oblat de l'église Sainte-Marie-Latine dont dépendait l'hôpital ; sa nationalité est incertaine, il était né près d'Amalfi plutôt qu'à Martigues, en Provence, comme on l'a parfois écrit ; d'après l'obituaire de saint Julien de Brioude, il mourut en 1120. L'?uvre une fois constituée apparaît soumise à la règle augustinienne, comme la plupart des autres ordres hospitaliers ; son règlement lui fut donné par Raymond du Puy, successeur immédiat de Gérard et maître au moins jusqu'en 1158 ; il fut confirmé par Eugène III et se trouve être par la suite antérieur à 1153, date de la mort de ce pape (on a parlé à tort de sanction remontant à 1118, 1120 ou 1130). Des statuts complémentaires ou établissements furent successivement ajoutés au règlement, puis définitivement révisés sous le grand maître Pierre d'Aubusson en 1489 ; une collection des décisions disciplinaires prises par l'ordre était jointe aux éditions de ce recueil. Il suffit de noter que la règle astreignait les hospitaliers aux trois v?ux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance et qu'il leur était défendu d'aller seuls par les villes et bourgades. Devenu en peu de temps militaire, l'ordre des hospitaliers de Saint-Jean comprit trois classes : celle des chevaliers, qui devaient être nobles ; celle des prêtres ou aumôniers et celle des frères servants qui, sans être nobles, étaient cependant destinés aussi à la profession des armes. Les chevaliers portèrent le manteau noir à croix blanche par-dessus leur armure et leur étendard fut la croix blanche pleine en champ de gueules. Mais ils n'en continuèrent pas moins à prendre le simple titre de frères. (à suivre...)