L'ordre des Chevaliers teutoniques prit naissance dans sa forme militaire au siège de Saint-Jean-d'Acre, par les croisés, le 19 novembre 1190. Il eut auparavant pour point de départ un hôpital (hôpital teutonique de Notre-Dame de Sion) fondé dès 1128 en Palestine par des bourgeois de Lübeck et de Brême, et desservi par des Allemands (Deutschen ou Teutons). Frédéric de Souabe, commandant le corps des croisés allemands, obtint du pape Celestin III, par l'entremise de son frère Henri, roi de Germanie, l'érection de cet hôpital en ordre religieux et militaire, assimilé aux Hospitaliers de Saint-Jean et aux Chevaliers du temple. Henri de Waldpott en fut le premier grand-maître. L'ordre fut divisé en trois classes comme celui de Malte : les chevaliers, les prêtres, les frères servants. Le costume fut la dalmatique blanche avec la croix noire, à laquelle Jean de Brienne ajouta plus tard la croix d'or de Jérusalem. Obligé de quitter la Palestine à la fin des croisades, l'Ordre teutonique vint se fixer en Allemagne, où il possédait déjà d'immenses territoires, et prit pour chef-lieu le château de Neuhaus, près Mergentheim, en Souabe. Frédéric II donna à Hermann de Salza, le quatrième grand-maître de l'ordre, le titre de prince d'empire (1230). A cette époque, Conrad, duc de Cujavie et de Mazovie, offrit aux chevaliers de combattre les Prussiens rétifs à la christianisation, moyennant la cession de Culm qui devint leur deuxième capitale. La Prusse fut soumise en peu d'années et devint la propriété de l'Ordre sous la suzeraineté de la Pologne. Marienbourg, fondée par les chevaliers en 1280, devint leur capitale en 1309, sous Sigefried de Feuchtwangen, leur quinzième grand-maître. En 1237, l'Ordre s'accrut par la fusion des Chevaliers porte-glaives de Livonie (Lettonie). Le siège de l'Ordre fut transféré en 1309 à Marienbourg. Sa puissance finit par s'étendre non seulement à la Prusse, mais à l'Estonie (vendue à l'Ordre teutonique par le Danemark en 1346), la Livonie, la Courlande, de sorte que presque tout le littoral de la Baltique, depuis la Vistule jusqu'au golfe de Finlande, à l'exception de la Samogitie, finit par lui appartenir. C'est vers 1400 que les Chevaliers teutoniques atteignirent leur apogée. Mais ils ne tardèrent pas à décliner. Le luxe, la débauche, les prodigalités ruinèrent les finances de l'Ordre ; son despotisme lui aliéna l'esprit de ses sujets, qui implorèrent contre eux la Pologne et la Lituanie. Les défaites des chevaliers à Kowno (1396), à Tannenberg (1410), où ils perdirent 40 000 des leurs, préludèrent à la prise de Marienbourg (1464). Privés de leur capitale, qui fut livrée par trahison aux Polonais, les Chevaliers teutoniques se retirèrent à Koenigsberg, qui devint le chef-lieu de l'ordre. En 1466, Louis d'Erlichshausen fut obligé, à la suite d'une nouvelle défaite, d'abandonner à la Pologne la partie occidentale de la Prusse : il ne garda que la Prusse orientale, et cela en se reconnaissant vassal de la Pologne (paix de Thorn). (à suivre...)