Quelle société de l'information ? C'est toute la chaîne des services Internet et informatique, que le pays avait mis dix ans à mettre en place, qui risque de partir en fumée. Quelques jours à peine après l'augmentation des tarifs du téléphone fixe, les conséquences commencent déjà à se faire sentir au niveau du secteur le plus demandeur de ce service, à savoir Internet. Les cybercafés disséminés à travers le pays, ont dû revoir à la hausse, les uns après les autres, les prix de connexion et voient leur clientèle rétrécir comme peau de chagrin. Bon nombre de gérants de ces cybers caressent maintenant le rêve de se reconvertir dans la pizza. La baisse du temps de connexion qui s'en est suivie a incité les Internet Service Provider (ISP) à revoir leur copie. Nombre d'entre eux voient leurs recettes amorcer une chute des plus inquiétantes et, pour certains, l'heure de mettre la clé sous le paillasson a bel et bien sonné. Pour ainsi dire, c'est toute la chaîne des services Internet et informatique que le pays avait mis dix ans à mettre en place qui risque de partir en fumée. Au-delà, c'est le droit d'accès du plus grand nombre à ce nouveau média qu'est Internet qui risque sérieusement d'être remis en cause. Surtout lorsqu'on sait que pour la majorité des Algériens, l'accès au web se fait d'une manière collective par le biais des cybercafés. Rares sont ceux qui disposent chez eux de micro-ordinateur dont le coût reste excessivement élevé. Paradoxalement, la hausse des tarifs téléphoniques vient attaquer de plein fouet les espaces mêmes qui ont permis la démocratisation d'Internet en Algérie. En ce qu'ils contribuent à son chiffre d'affaires, on aurait pu attendre d'Algérie-Télécom qu'elle applique un tarif préférentiel pour les cybercafés et les fournisseurs d'accès comme, du reste, ils en avaient exprimé la demande. Aussi, un tarif préférentiel pour les services liés à Internet aurait-il bien cadré avec le discours officiel qui fait de la maîtrise des nouvelles technologies et de l'arrimage de l'Algérie à la société de l'information, quelques-uns de ses principaux credos. Etrange tout de même est le silence de l'Autorité de régulation des postes et télécommunications (Arpt) qui est restée sourde à l'appel des ISP qui réclament une différenciation entre les communications vocales et les communications sur Internet. Younès Grar (lire l'entretien ci-dessous) aimait à dire que «l'administration algérienne roule à la vitesse de 1km/h, alors que les nouvelles technologies avancent à 250 km/h».