Décor n Des tables et des chaises en piteux état, des étagères vides. Cet espace est la Bibliothèque Basta-Ali, située à Bab el-Oued. De l'extérieur, rien ne l'indique, si ce n'est une plaque usée. La bibliothèque se trouve dans un sous-sol. A l'intérieur, des employés attendent d'éventuels lecteurs, mais avec cette anxiété de ne pouvoir répondre à leurs demandes, car «on a un nombre limité de livres», explique une employée. Limité pour ne pas dire inexistant. Les étagères métalliques offrent un spectacle désolant. Quelques livres y sont alignés tristement. Des ouvrages parascolaires, de théologie et d'informatique, mais totalement dépassés quant à leur contenu. La philosophie, la littérature, l'histoire, l'économie, en somme les thèmes qui peuvent accrocher un éventuel lecteur sont inexistants. «Ce n'est pas notre faute», répondra un employé, à notre remarque sur l'absence de livres. «On a l'essentiel», lance un autre employé. Cet essentiel se résume à quelques livres parascolaires, a priori «très demandés par les adhérents» car «la plupart sont des lycéens, qui ont besoin de livres scolaires», ajoute une employée. La bibliothèque est, en fait, composée de deux salles, l'une pour les garçons, l'autre, plus grande, pour les filles, car plus nombreuses à fréquenter l?endroit. Quelques lycéennes, les yeux plongés dans leurs livres, occupent un coin. Autour d'elles, les étagères sont vides. Tout comme l'architecture intérieure, rien n'a aucun sens. L'endroit est vidé de sa raison d?être, de sa substance. La deuxième salle, occupée par les garçons, est plus lugubre. A l?intérieur, deux adolescents semblent plus tuer le temps que de s'instruire. Autour d'eux, les étagères métalliques vides, témoignent d'un laisser-aller des responsables. Mais où sont les responsables de la bibliothèque ? Nous apprendrons qu'il n'y a pas de responsable à proprement parler. Dix-neuf employés s'occupent de la bibliothèque Basta-Ali. En réalité, c'est beaucoup plus un parc, une voie de garage. «Le fait d?être ici, est une forme de sanction, en outre on est mal payés», explique un jeune employé visiblement éc?uré. Selon une source, la plupart des employés touchent entre 6 000 et 9 000 DA.