Aucune bibliothèque communale, digne de ce nom, n'existe dans la capitale. Sur du papier, plusieurs communes disposent de Bibliothèques, ouvertes au public. Mais la réalité est tout autre. D'Alger-Centre, à Rouiba, la plupart des bibliothèques ne sont, en fait, que des espaces de lecture fréquentés majoritairement par de jeunes lycéens pour préparer leurs examens. Il n'existe pas réellement de bibliothèques au sens propre du terme, à savoir des structures spacieuses, avec un personnel formé pour la circonstance et surtout des livres au choix. En outre, même les espaces qui tiennent lieu de bibliothèques sont en nombre limité. A titre d'exemple, toute la commune de Bab El-Oued ne dispose que de deux «bibliothèques» avec quelque 1 556 ouvrages, pour 300 000 habitants environ ! Cela, pour ce qui est des chiffres, sans évoquer la qualité de ces ouvrages dépassés du point de vue contenu et surtout usés. Sollicité pour nous éclairer sur cette situation pour le moins anormale, le directeur des affaires sociales dont dépendent ces deux bibliothèques, ne trouve pas mieux que de nous demander l'autorisation écrite du maire, condition sine qua non pour nous en parler. Une autorisation, évidemment impossible à avoir. «Le maire n'est toujours pas au bureau», répondra trois jours durant un employé. En tout cas, ce n?est un secret pour personne que le livre est le dernier souci des autorités publiques, même si Khalida Toumi, ministre de la Culture, tente de renverser la tendance en voulant créer des bibliothèques scolaires dans toutes les communes de la capitale. Louable initiative, mais insuffisante. Le livre doit pénétrer dans les quartiers populaires, dans les maisons des défavorisés. Il doit être à la portée de tout le monde sans exception, vieux, jeunes, femmes, handicapés.