Tradition n Dans tous les ksour du Gourara, l'ahellil est un chant langoureux et attachant qu?entonnent les chanteurs de cette région, dénommés, eux aussi, ahellil. Ces chants très réputés, notamment durant les ziarate et les regroupements festifs dans ces régions du sud-ouest, constituent une véritable littérature orale transmise de génération en génération à travers les siècles. Récemment classés patrimoine mondial de l?humanité, les ahellil, ces chants en zénète, parler courant des populations locales, signifient le «tesbih», autrement dit la glorification du nom de Dieu par la lecture du Saint Coran et les louanges à Dieu. La troupe des ahellil est généralement composée d?une vingtaine de personnes, dont le «goual» qui fait office de joueur de flûte ou de «guembri», un petit instrument traditionnel à cordes, dont la caisse de résonance est une espèce de calebasse cultivée par les agriculteurs dans toute la région. L?instrument de musique utilisé est soit la flûte soit le «guembri», mais pratiquement jamais les deux à la fois. Les joueurs marquent la cadence avec les mains, le seul instrument de percussion utilisé étant deux pierres nommées «adgha» que le percussionniste rencontre dans le même rythme de la cadence, l?une contre l?autre. Les versets chantés par les ahellil sont le plus souvent des louanges à Dieu et à son prophète Mohammed (Que Le Salut de Dieu soit sur Lui). Pendant la guerre de Libération nationale, ce genre de chant a souvent été utilisé pour diffuser auprès des populations des informations relatives à la situation dans le pays, à la Révolution et aux hauts faits de l'Armée de libération nationale, tant au sud qu'au nord. Pas loin dans les ergs environnants, de nombreuses batailles ont, en effet, eu lieu durant cette période notamment dans les régions de Hassi Saka et Hassi Kambo. La mélodie des ahellil est, quant à elle, exécutée à une échelle musicale pentatonique, à savoir une gamme à cinq notes, d?où sont exclus les demi-tons. Attachants et langoureux, les chants des ahellil font partie de la vie quotidienne des habitants du Gourara et de toute la Saoura, où ils servent à resserrer les liens sociaux tout en procurant un moment de détente dans un univers ponctué d?un dur labeur dans un environnement que beaucoup considèrent des plus hostiles.