Les couleurs et les images ne correspondent pas aux textes et les normes de l?édition ne sont pas respectées. En Algérie, l?édition pour la jeunesse traîne la patte. Encore à un stade primitif, elle n?arrive pas à émerger, parce que considérée comme une «littérature» non prioritaire et moins importante, même si le livre constitue le premier moyen de socialisation de l?enfant. En effet, même s?ils envahissent depuis quelque temps les étals des librairies, le contenu et la qualité de ces ouvrages laissent à désirer et sont d?une médiocrité aberrante, alors que plusieurs insuffisances et imperfections sont enregistrées sur tous les plans de l?édition. D?abord, ces publications sont «libérées», donc elles ne sont jamais soumises à des études scientifiques et pédagogiques ou à des commissions de contrôle. Surviennent ensuite les déficiences stylistiques, linguistiques et techniques. Les spécialistes notent que ces «?uvres» connaissent une densité d?écriture souvent pauvre. Les textes sont longs et ennuyeux, la complexité syntaxique et le subordonnant lexical et conceptuel sont souvent gratuits et triviaux, ce qui rebute le jeune lecteur. Ces publications se démarquent notamment par le non-respect des étapes du développement psycholinguistique de l?enfant. Les auteurs écrivent pour les petits comme si c?était un public homogène, les mêmes livres sont destinés à tous les enfants. Les parents ne sont même pas orientés, alors que chaque livre devrait mentionner en première page la catégorie d?âge. La faiblesse du style est notamment constatée, les histoires manquent de dialogue et sont loin d?être attrayantes, d?émerveiller, d?émouvoir et de chatouiller l?imagination. Souvent, les textes sont inaccessibles. Il y a aussi les carences thématiques, soit la «standardisation» des histoires, et l?absence d?une orientation et une diversité des valeurs et des idées. Par ailleurs, le côté technique est également contesté, car les normes internationales de l?édition ne sont pas respectées. Des couleurs «pâles», des images qui ne correspondent pas aux textes, une illustration qui n?accroche pas et la plupart du temps inexistante. «Nous n?avons pas de vrais techniciens de l?image ou des dessinateurs spécialisés. Généralement, nous avons recours à des personnes ordinaires. Nos maquettes leur sont confiées. Ces éditions ne sont pas soumises à des pédagogues ou à des psychologues. Des auteurs se présentent, nous faisons appel à un dessinateur et nous entamons l?édition. En Europe, cette tâche est confiée à des boîtes spécialisées et à des dessinateurs confirmés. Des études sont d?abord établies, à commencer par celles des couleurs adéquates, des expressions qui ne risquent pas de choquer? Toutes ces procédures ne sont pas respectées en Algérie», révèle un éditeur. Il est à noter que les livres parascolaires se taillent la part du lion des ventes, car considérés par les parents et la corporation de l?édition comme des publications littéraires d?enfant. Cela s?explique par la faiblesse de la production du livre d?enfants, essentiellement confiné dans le conte traditionnel.