Laxisme Même s?il rapporte près de 25 millions de dinars annuellement à l?APC d?El-Attaf, celle-ci ne fait rien pour l?entretenir. A l?instar de ceux de Sidi-Khettab, Barika et Tadjenent, le marché de gros d?El-Attaf a pris des proportions énormes en matière de flux humain et de renommée. Le vendredi après-midi, on y vend cosmétiques, prêt-à-porter, ustensiles ménagers et même voitures le vendredi matin. Ce marché passe du gros au détail le samedi. Des milliers de visiteurs passent le vendredi à El-Attaf, créant des embouteillages et une cohue indescriptibles. S?il a crée de l?emploi pour les restaurants, les cafés, les gardiens de parking, les dépôts de marchandises ainsi que les «petites ventes» de boissons fraîches et de sandwichs, il a en même temps et pour une certaine période, freiné le commerce des boutiques de la ville. Les propriétaires de celles-ci se sont vus obligés de se mettre de la partie en se constituant grossistes dans ce même marché après avoir tenté de stopper sinon de saboter «le souk» par de fausses alertes à la bombe. Les vendeurs viennent de partout, comme l?indiquent les plaques d?immatriculation des véhicules. La marchandises est un mélange turc, français, taiwanais et... de toc. Ce marché, s?il offre des avantages, compte aussi son lot d?imperfections. A commencer par sa situation au centre-ville, au c?ur d?un quartier populaire, la cité Salem, où les gens se plaignent du brouhaha causé par les passants et surtout par le bruit des automobilistes. «Je ne peux fermer l??il avec un tintamarre pareil, le jour de mon congé hebdomadaire», se plaint un habitant. Le calvaire est vécu surtout avant la prière du vendredi, où le flux de voitures commence dès onze heures, rendant l?accès à la Grande mosquée presque impossible. «Pour aller au cimetière, aux obsèques d?un voisin, on a été obligés de le faire à pied, car les routes y menant étaient bouchées par les files de voitures.» A défaut d?organisation routière, la circulation est impossible et, pour évacuer un malade, toute une gymnastique est à exécuter. Et comme ce marché n?a que deux entrées, le pire est à craindre si une bousculade survenait, car ce serait alors le drame. Les habitants de ce quartier se sont plaints à maintes reprises, pour exiger des autorités locales la délocalisation du marché, mais en vain. En outre, les habitués se plaignent des agressions physiques, notamment contre les femmes, qui viennent nombreuses pour acheter les trousseaux de mariée qui y sont abordables. Des vols à la tire sont aussi signalés malgré la présence de policiers postés devant la porte d?entrée pour réguler la circulation. On parle même de pratiques comme les viols. Le plus vieux métier du monde y serait également exercé. Inutile de s?étaler sur l?insalubrité de lieux. Le terrain, poussiéreux en été, devient une mare boueuse dès les premières pluies, ce qui propage la saleté à tout le centre-ville. Pourtant, dans tout village qui se respecte, le souk est situé hors du périmètre habitable et des terrains vagues, il en existe à la sortie de la commune. Un élu qu?on a approché n?a pas trouvé mieux à dire que : «Où voulez-vous qu?on le déplace, ce marché, il faut vivre avec ?» «Qu?on fasse vite», espèrent les citoyens de ce quartier, car la ville se détériore et se transforme peu à peu en décharge à ciel ouvert. Un brin d?organisation et de sensibilisation, pourtant, suffirait à changer la situation. «Les vendeurs ne pensent qu?à empocher, les élus font leurs crochets et les particuliers restent les plus piochés», dit un citoyen qui trouve que sa ville est devenue la plus sale du pays à cause de ce marché. Alors, que cet appel soit entendu !