La Kabylie a respecté la grève décrétée par les ârchs. Quelques escarmouches ont été signalées ici et là. L'angoisse sera encore plus vive aujourd'hui. A la veille du rendez-vous électoral, la Kabylie a traversé, hier, une journée de toutes les angoisses. Les villes et les villages à l'instar du chef-lieu de wilaya ont baissé rideau, exception faite des boulangers et des pharmaciens qui ont fonctionné quasi normalement. Dans Tizi Ouzou aux rues désertes, seules les petites tables des vendeurs de cacahuètes et de cigarettes étaient remarquées. La matinée, les buralistes ont ouvert juste pour distribuer la presse. Certes, dans quelques quartiers de certaines villes, comme Draâ Ben-Khedda ou encore à Tizi Ouzou-Ville ou au quartier de la Nouvelle-Ville et à Bouaziz, des commerces ont ouvert, a peu près normalement. Ailleurs, comme à Beni-Yenni, à Boghni, à Ouadhias, à Draâ El-Mizan ou encore à Tadmaït, la grève est largement suivie, mais dans le calme. A Azazga, où le bouillonnement n'a pratiquement pas cessé depuis, au moins trois jours, avec des accalmies de temps à autre, les jeunes manifestants ont, dès la matinée, commencé par barricader les axes routiers. Près de ces «barricades» sont accrochées les banderoles noires des ârchs, portant les slogans habituels. Un peu plus en avant, dans la matinée, on signale des escarmouches, qui se sont faites plus violentes en milieu de journée. Les mêmes scènes ont été remarquées à Fréha et à Ouaguenoune. A Aïn El-Hammam, les choses commençaient sérieusement à se gâter dans la matinée, elles ont fini par se calmer dans l'après-midi. Mais un peu partout, dans les villes et les villages de la région est de la wilaya, la tension est assez vive. A signaler, cependant, que Bouzeguène respecte certes la grève, mais dans le calme. Il en est de même pour la ville côtière de Tigzirt. Du côté du sud de la wilaya, on a signalé des escarmouches à Frikat et à Bou-nouh et elles ont été plus vives à Tizi-Gheniff. Par ailleurs, un drame a endeuillé Maâtkas, une daïra à environ une vingtaine de kilomètres au sud chef-lieu de la wilaya. Des jeunes manifestants ayant barricadé la route ont intercepté un citoyen de la région alors qu'il circulait à bord de son véhicule en famille. Les jeunes, on ne sait trop pourquoi, se sont mis à saccager sérieusement son véhicule, un homme bien connu et respecté dans la région. L'homme, un GLD au demeurant, a tiré avec son arme sur un jeune homme: Karim Amili, 26 ans. Le drame à quelque peu refroidi l'assistance. Une victime de plus ! Le sang a encore coulé! Plus bas, du côté de l'Ouest, à Draâ Ben-Khedda, tôt le matin, les commerces, notamment, les boulangeries, les dépôts de pain et les crémeries ont travaillé normalement. Il faut dire que la ville de Draâ Ben-Khedda suit rarement les mots d'ordre de grève. Mais à partir de 9h, pratiquement tout le monde commençait à baisser rideau. La grève a été, finalement, respectée un peu partout à travers la wilaya. Il reste que même si la tension est électrique, elle le sera, certainement, un peu plus aujourd'hui, jour de scrutin. Les quelques groupes de personnes qui se retrouvent, soit à Tizi Ouzou soit dans les villes de l'intérieur, n'évoquent entre eux que «ce que peut bien réserver la journée d'aujourd'hui...». C'est le cas de la ville de Tizi Ouzou, une ville aux rues et aux trottoirs affreusement vides. La rue principale, Abane-Ramdane, est d'une tristesse désolante. Les policiers préposés à la circulation routière, ont certainement autre chose à faire que de s'occuper des rares véhicules qui passent à vive allure comme pour fuir Tizi Ouzou. Dans les quartiers les gamins qui, d'habitude, s'adonnent à des parties de ballon, se sont faits plus discrets. C'est que le temps n'est plus au jeu. Seul endroit, quelque peu animé, la permanence électorale du FFS. Elle offre l'aspect d'une ruche bourdonnante et est comme un véritable Q.G de bataille. Les autres formations se font plus discrètes. Un journée tellement appréhendée que les gens ont fini par dire pourvu que celle d'aujourd'hui se passe comme celle d'hier.