Résumé de la 4e partie n Juliane affichait un comportement négatif vis-à-vis de Manfred. Lui qui espérait faire sa vie avec elle, le revoilà face un autre défi. Réussira-t-il à la conquérir ? En le voyant, Juliane a un geste d'exaspération : «Encore toi ! Tu ne me laisseras jamais tranquille ?» Manfred ne relève pas le ton de Juliane. Il lui pose tout de suite sa question : «As-tu reçu ma lettre ?» Juliane hausse les épaules. «Bien sûr. ? Mais pourquoi ne m'as-tu pas répondu ? ? Parce qu'il n'y a rien à répondre... Ecoute Manfred, je te félicite pour ton doctorat, c'est très bien. Mais tu as dû trop travailler, tu devrais te reposer. Maintenant, laisse-moi tranquille.» Et elle se met en marche rapidement. Manfred ne comprend plus. Il s'accroche à elle. «Mais, Juliane, il faut que nous parlions, que nous parlions de tout...» Juliane lui répond d'une voix dure, qu'il ne lui connaissait pas : «Il n'y a rien à dire parce qu'il n'y a rien et qu'il n'y aura jamais rien entre nous. Laisse-moi tranquille ou j'appelle !» Et Manfred la regarde s'éloigner... A partir de cet instant, Juliane occupe plus que jamais ses pensées, pourtant tout est changé. Elle est devenue l'image de la trahison ; elle n'a pas été fidèle au souvenir de ce matin neigeux de novembre 1945 ni à la promesse qu'elle lui avait faite dans le jardin. Manfred continue à l'épier, mais ce n'est plus pour avoir le bonheur de l'entrevoir quelques instants, c'est pour la surveiller, savoir qui l'approche, qui est en train de la lui voler. C'est par un ami commun qu'il apprend un an plus tard qu'elle vient de se fiancer avec un baron, le fils d'un industriel de Hambourg. C'est à ce moment qu'il décide de tuer Juliane et de se suicider ensuite. C'est une idée qui ne l'effraie pas, contre laquelle il ne tente pas de résister. C'est normal, c'est l'aboutissement logique de son amour. Il était trop grand pour se terminer autrement. Et pour son suicide, il sait où il ira. Tout de suite après avoir tué Juliane, il partira pour l'Italie, pour Vérone et il se poignardera sur le tombeau de Romeo et Juliette... Le 7 novembre 1953, il fait froid, il a beaucoup neigé, comme huit ans auparavant sur la ville de Hambourg alors en ruine. Manfred a attendu l'anniversaire de leur première rencontre pour mettre au point final son rêve. Il grelotte, caché derrière un arbre, en face de la maison de Juliane, la main droite crispée sur le poignard qui se trouve dans sa poche. Dans l'après-midi, il a annoncé à ses parents : «Je dois partir en voyage. Je vais à Vérone pour une affaire importante. Je ne sais pas quand je rentrerai.» Juliane vient d'apparaître sur le trottoir d'en face. Manfred se précipite. Il frappe une seule fois et il s'enfuit dans la neige... Juliane von Scheffel est morte le lendemain, à l'hôpital. Mais elle a pu dire aux policiers le nom de son meurtrier. Les parents du jeune homme, interrogés aussitôt, ont répété ce qu'il leur avait dit ; ils ont parlé du voyage à Vérone et les policiers italiens ont arrêté Manfred Freising dans le train, en gare de Milan. Il n'est jamais passé devant le tribunal. Les médecins ont découvert chez lui une schizophrénie à évolution lente et l'ont déclaré irresponsable. Si on lui avait demandé son avis, il est probable que Manfred aurait été d'accord avec eux, car c'était bien cela qu'il avait vécu, depuis le début : un amour fou.