Aptitudes n Selon ses biographes, à cinq ans il savait déjà lire et écrire, à douze ans il commentait le Coran avec une grande sagacité. En 1843, le maréchal Soult, ministre français de la Guerre, qui a été pourtant son ennemi, le plaçait, avec le vice-roi d?Egypte Mohammed Ali et le commandeur Chamyl du Caucase, parmi les trois chefs contemporains auxquels on pouvait accorder le titre de «grands hommes du siècle». Cet homme, qui va soulever l?enthousiasme dans de nombreux pays ? de l?Europe aux Amériques ? est l?Emir Abdelkader, poète, mystique et champion de l?indépendance algérienne. Quatrième fils d?El-Hadj Abdelkader Mohieddine, il est né à la Guetna, dans la localité de Ghriss, au sud de Mascara, au cours du mois de rajeb 1223 de l?hégire, qui correspond au début de l?année 1808 de l?ère chrétienne. Son père appartient à la noblesse locale, il est aussi le chef spirituel de la confrérie des Qadiriya, l?ordre de Sidi Abdelkader Al-Djilani, particulièrement vénéré dans l?Ouest algérien. Dès les tout premiers jours de sa vie, le père manifeste un grand attachement pour ce fils auquel il consacre beaucoup de son temps. C?est comme si, par on ne sait quelle intuition, il avait deviné à quel destin fabuleux il était promis. L?enfant, entouré des plus grands soins, grandit en force et en beauté. Il fait également preuve d?une grande intelligence. Selon ses biographes, à cinq ans il savait déjà lire et écrire, à douze ans il commentait le Coran avec une grande sagacité. Il connaissait, bien sûr, le Coran par c?ur ainsi que les Hadiths (propos du Prophète). L?adolescent n?était pas seulement un lettré, mais également un fin cavalier ; il n?avait pas d?égal dans l?art de l?équitation. Il éblouissait ses compagnons en faisant de la voltige ou en se mettant debout sur son cheval lancé au galop ; il affectionnait les courses qu?il remportait toutes. Il maniait également avec dextérité l?épée et il était un tireur d?élite. Il possédait un beau fusil, importé de Tunisie, et des pistolets incrustés de nacre et d?argent. Son sabre, qui venait de Damas, avait un fourreau d?argent. Après l?équitation, son activité favorite était la chasse qu?il pratiquait avec ardeur. Il était d?un grand courage, n?hésitant pas à affronter les animaux les plus dangereux. Il faisait également preuve d?un grand sang-froid, prenant toujours le temps de la réflexion, contrairement aux jeunes gens de son âge. Il avait une résistance extraordinaire et était capable de rester longtemps éveillé, sans boire et sans manger et, plus tard, engagé dans la résistance à l?invasion coloniale, il allait passer des jours entiers sans dormir et sans déposer ses armes au point que l?on disait que sa selle était son trône ! Son haut rang social ne l?empêchait pas d?être modeste ; ainsi, sa tente était pareille aux autres et il évitait toute manifestation ostentatoire de luxe ou de richesse. Quand il partait à la chasse, par exemple, il n?emmenait avec lui que deux ou trois familiers, il ne faisait pas comme les nobles de l?époque qui se faisaient accompagner d?imposants cortèges de domestiques. Et aussitôt ses courses ou ses parties de chasse finies, il revenait à ses chères études qui occupaient une grande partie de son temps. A quinze ans, Abdelkader épouse sa cousine, Leïla Kheyra. Le voilà devenu adulte et prêt à assumer les responsabilités auxquelles il a été préparé depuis sa plus tendre enfance. (à suivre...)