Témoignage n «J?ai toujours ambitionné de poursuivre des études supérieures en médecine, mais je me retrouve obligé d?opter pour l?histoire?» Baba Sidi Hamdi, originaire d?une localité située à 300 km du chef-lieu de la wilaya de Tamanrasset, ne cache pas son amertume de n?avoir pas pu réaliser son rêve d?enfance, celui d?être médecin. «J?étais excellent dans les matières scientifiques et techniques, cependant mon handicap se situe au niveau des langues. L?échec de l'expérience de mon cousin à l?université de Bab-Ezzouar m?a dissuadé d?opter pour la médecine, lorsque j?ai obtenu mon baccalauréat», souligne-t-il, attristé. Hormis l?alphabet et quelques petits mots, notre interlocuteur ne comprend rien à la langue de Molière ! «À l?école primaire, nous n?avons rien appris en français. Nous n?avions tout simplement pas de professeur et ce sont les enseignants de langue arabe ou des infirmiers qui tentaient, en vain, de nous apprendre quelques notions de base, telles que l?alphabet et quelques noms d?arbres et d?animaux». Les années du CEM et du lycée n?étaient pas différentes. «Vu notre niveau trop limité, notre adaptation aux programmes du CEM et du secondaire relevait de l?impossible. Les enseignants nous ont toujours accusés d?insouciance et d?irresponsabilité, ce qui nous a poussés à nous éloigner davantage des langues étrangères.» Même en choisissant l?histoire, notre interlocuteur demeure handicapé par cette lacune en langue française. Pour des recherches, il est obligé de solliciter ses amis «francophones» pour lui traduire quelques textes. Abderrahmane, originaire de M?sila, a dû consacrer deux années pour apprendre le français dans une école privée avant de continuer ses études à l?université des sciences et technologies de Bab Ezzouar (USTHB). «C?est mon père, éleveur, qui a financé mes études en technologie. Il m?a été très difficile d?apprendre la langue, car je ne l?ai étudiée que durant une année et demie au lycée. Aujourd?hui, je suis capable de comprendre et suivre aisément mes cours.» témoigne-t-il. Amel, nouvelle étudiante à l?Institut national du commerce, n?arrive pas à comprendre ses cours et compte opter pour la branche bibliothéconomie. «A l?université, dit-elle, nous sommes censés acquérir des connaissances approfondies dans la spécialité et non apprendre le français ou l?anglais, nous font remarquer des enseignants à chaque fois que nous leur demandons des explications».