Taux n Rares sont ceux parmi les bacheliers des régions du Sud et de l?intérieur du pays en général qui optent pour l?étude des langues vivantes à l?université. A l?Ecole normale supérieure de Bouzaréah, la plupart optent pour les spécialités enseignées en langue arabe telles l?histoire, la philosophie et l?arabe. Les départements de français et d?anglais, quant à eux, ne comptent pratiquement que des étudiants du nord du pays. «On dirait que cette école (ENS) est divisée en deux départements selon l?appartenance géographique ; le nord pour les langues étrangères et l?intérieur et le sud du pays pour les autres filières», commente Sabrina, étudiante en 3e année, philosophie. J?aurais souhaité faire de l?anglais, cependant j?ai eu peur de l?échec à cause de l?insuffisance de mes connaissances de base en cette langue quoique certaines de mes amies aient réussi grâce à leur audace et leur volonté surtout». L?Institut des langues étrangères (ILE) peine, pour sa part, à attirer des étudiants de ces régions arabisées. Même ceux qui osent relever le défi n?arrivent pas à tenir plus de deux années, car le rythme de formation se caractérise par une rigueur implacable. Le taux d?échec dans les départements d?anglais et de français dépasse les 60 %. Ainsi, un nombre important d?étudiants sont exclus ou réorientées vers d?autres filières. «Je suis étonnée du niveau lamentable des nouveaux étudiants. Croyez-moi, on dirait qu?ils n?ont jamais appris l?anglais aux trois paliers de l?éducation nationale. C?est la raison principale de leur échec et l?enseignant à l?université ne peut évidemment pas repartir de zéro, explique une enseignante au département d?anglais. Nous sommes toujours accusés d?excès de rigueur et d?injustice dans l?évaluation des étudiants, mais la réalité est amère. Personnellement et avec toute l?expérience que j?ai acquise, j?arrive difficilement à faire comprendre les cours aux étudiants qui accusent un déficit énorme en connaissances de base telles que les règles grammaticales et l?écrit». L?attitude «imposée» à ces derniers qui optent plutôt pour des formations «arabisées» conduit à la complication de la situation actuelle et promet même son aggravation. «Chez nous à Djelfa, les centaines de diplômés en sciences sociales n?arrivent pas à décrocher un emploi près de chez eux, mais ils sont aisément recrutés dans le Nord. Contrairement à cela, les diplômés en langues étrangères se comptent sur les doigts de la main et n?arrivent pas à pallier le manque d?encadrement dans les établissements scolaires de la wilaya», constate Ali B., originaire de Messaâd (Djelfa) et enseignant d?histoire dans un lycée à Bab-El-Oued. Les rudes conditions climatiques et l?absence de motivation dissuadent les diplômés des régions du Nord à se rendre au Sud pour y enseigner.