Résumé de la 3e partie n L'épouse du général Noël prétend être la réincarnation d?une reine indienne. Elle reçoit, par l?intermédiaire d?un médium, la «visite» d?un fantôme, Bien-Boâ, épris d?elle dans sa vie antérieure. Les «apparitions» se font plus fréquentes et on se presse chez les Noël pour écouter le fantôme. Le rituel des séances est désormais fixé. Carmen place un ou deux médiums derrière un rideau où se trouve le «cabinet des matérialisations» puis elle les magnétise. Les assistants, assis autour d?une table, face au rideau, récitent une prière ou chantent, attendant que le fantôme apparaisse. L?attente prend quelques minutes, puis on voit le rideau bouger, signe que le fantôme est là. Il faut attendre encore un peu avant qu?il ne se matérialise. En fait, dans la pièce, qui n?est éclairée que par une bougie placée dans une lanterne rouge, on ne peut rien voir distinctement. Carmen recommande aux assistants de ne pas bouger de leur place, de faire une chaîne en se tenant la main. Il ne faut ni parler ni chuchoter et on ne chante que si elle le demande. «Et surtout, ajoute-t-elle, ne touchez jamais au fantôme s?il approche de vous, il risquerait de partir et de ne plus revenir !» Mais, elle-même ne se privera pas de le toucher. Il est vrai qu?elle, elle a une relation privilégiée avec lui ! Carmen, qui prend des doses de morphine de plus en plus fortes, utilise Bien-Boâ comme un antidépresseur. Dès que la douleur devient insupportable, elle l?appelle. Et il ne manque pas de se produire, au grand bonheur des amateurs d?esprits, mais aussi de sensations fortes. Les relations de la générale avec le fantôme se font de plus en plus intimes. Ils s?embrassent, ils s?enlacent, ils disparaissent même de longues minutes dans la pénombre de la chambre où l?on n?entend plus que des petits cris et des chuchotements. Mais il n?y a pas que des admirateurs dans l?auditoire de la villa Carmen. On accuse la femme du général de mystification. Ce fantôme n?est-il pas sa cuisinière ou sa femme de chambre qui surgit au milieu des séances, drapée dans des voiles évanescents ? «C?est une calomnie !» proteste Carmen. Et, au cours d?une séance, elle demande à Bien-Boâ de démontrer qu?il est bien un mâle. Et le fantôme le prouve en s?exposant ! Plus tard, quand Marthe Bréard quittera la maison, elle dira que Carmen Noël était folle et que le fantôme était devenu pour elle comme une drogue, plus que la morphine qu?elle consommait depuis plusieurs années. Et quand le fantôme ne paraît pas, elle sombre dans la mélancolie ou alors elle s?emporte, malmenant son époux et les domestiques. «Allez-vous-en, allez-vous-en, se met-elle à crier, je ne veux voir personne, je veux rester seule !» Ou alors, elle se met à pleurer, réclamant son Bien-Boâ comme un enfant réclame un jouet ou un animal familier dont on l?a privé. La dépendance devient encore plus forte quand en 1904, les Noël perdent leur unique enfant, Maurice, mort d?une fièvre au Congo où il s?occupait de transactions commerciales. (à suivre...)