Médiumnité n La femme du général prétend avoir été, il y a trois cents ans, une princesse indienne d'une grande beauté dont les jeunes gens étaient follement épris. La femme du général Georges Noël, Carmen, appelée familièrement par sa famille et ses amis, Carmencita, est ce que l'on peut appeler un médium. En cette fin du dix-neuvième siècle, le spiritisme est à la mode et on peut dire que la générale s'est acquis une réputation, dans ce domaine. C'est pourquoi, il lui arrive d'animer, pour ses relations, des séances à Tarbes, la ville du sud de la France où elle réside. Son mari, qui est pourtant un soldat rompu à la guerre, est, comme elle, un adepte passionné du spiritisme. Il a fait la guerre du Mexique et combattu contre les Allemands en 1871. Il a commandé le 22e Régiment d'Afrique en Algérie de 1886 à 1888, avant d'être affecté comme général à Tarbes. Juste après la guerre contre l'Allemagne, en 1872, il s'est marié avec Carmen, en fait Cécile Aline Hilda Chatard, qui vivait alors à Paris. Carmen – c'est le surnom que lui avait donné son époux – se disait Anglaise du pays de Galles : en réalité elle était née à Bruxelles, en Belgique. Sa mère, qui, selon elle, s'appelait Sarah Barness, était peut-être Anglaise, mais sa fille utilisait cette origine «étrangère» pour se donner encore plus de mystère. Les Noël ont un fils, qui sera fiancé à un médium célèbre, Marthe Béraud , il mourra au Congo d'une fièvre bilieuse. Tout a commencé au cours d'une séance où Carmen se produisait au milieu d'amis. Elle entre en transe et, les yeux fermés, son corps est secoué de tremblements. — Viens, dit-elle… Elle tend les bras. — Viens… Puis elle change de ton. — Oui, je viens vers toi, mon aimée ! Il y a un échange. — Tu me reconnais ? — Comment ne pas reconnaître ta douce voix ? Il faudra plusieurs séances pour apprendre l'histoire de Carmen ou plutôt la vie antérieure qu'elle prétend avoir menée. La femme du général prétend avoir été, il y a trois cents ans, une princesse indienne d'une grande beauté dont les jeunes gens étaient follement épris. Le plus passionné d'entre eux, Bien-Boâ, s'est noyé au cours d'une fête et son fantôme, qui erre encore à sa recherche, vient la hanter ! Bien-Boâ est parfois accompagné de sa sœur Bergolia. Voilà donc l'histoire de Carmen une rêveuse et une romantique mais aussi une femme malade. Souffrant de migraines chroniques et de vertiges, elle se drogue à l'opium, ce qui explique qu'elle ait souvent des hallucinations. Mais si pour certains, Carmen est une folle, pour d'autres, et ils sont nombreux, c'est une grand médium et on fait tout pour assister à ses séances. Certains vont même soutenir avoir été les témoins de manifestations paranormales, comme les chaises qui bougent toutes seules ou les objets qui se déplacent comme si des mains invisibles les soulevaient. (à suivre...)