Résumé de la 93e partie n La femme du général prétend avoir été, il y a trois cents ans, une princesse indienne d'une grande beauté dont les jeunes gens étaient follement épris. En 1895 Carmen, conseillé par un de ses partisans, raconte son expérience dans la revue anglaise Light. L'article est traduit l'année suivante et publié dans les Annales des Sciences psychiques mais on ne mentionne pas l'auteur de l'article qui, femme d'un officier, veut garder l'anonymat. Mais les relations de la générale savent bien de qui il s'agit. On s'empresse de venir assister aux séances qu'elle continue à donner, dans sa maison de Tarbes. Cependant, les malaises de Carmen se font plus forts au point que l'on craint pour sa vie. La douleur est parfois telle qu'elle s'évanouit. Il faut alors augmenter les doses d'opium pour lui permettre de tenir le coup. C'est à cette époque que le général Noël est affecté à Alger. La famille réside dans une villa qui fait face à la baie et que le général baptise aussitôt «Villa Carmen», en l'honneur de son épouse. Dès les premiers jours de l'installation, les fantômes se manifestent. Bien-Boâ et sa sœur rendent visite au général Noël, au grand bonheur des nouveaux amis qu'ils se sont déjà faits, parmi les militaires et les colons français. Si jusque là Bien-Boâ communiquait au moyen de guéridons ou de l'écriture, il se «matérialise» désormais, c'est-à-dire qu'il n'est plus rattaché au médium et prend forme. Dans l'obscurité de la salle où ont lieu les séances, on voit une forme vaguement humaine se détacher et aller et venir, conversant avec Carmen, faisant toutes sortes de remarques aux participants. Bientôt, Carmen s'entoure de nombreux collaborateurs, principalement des médiums, rééls ou prétendus comme tels. Vicentia Garcia, Madame Végé, Mademoiselle Aimée Bex, comédienne au Kursal d'Alger, Madame Léone, etc. Il y aura aussi quelques Algériens, des domestiques, comme Arezki le cocher ou Zina la femme de chambre ou encore Aïcha, une femme noire, sans doute adepte de la confrérie des Noirs de Sidi Hlal, qui avait sa maison dans la Casbah et qui était spécialisée dans la magie et l'exorcisme. Le groupe sera rejoint, plus tard, par un médium de renom, Marthe Béraud, qui fera beaucoup parler d'elle sous le nom d'Eva C. et qui se spécialisera dans la production de formes fantomatiques ou ectoplasmes. Marthe Béraud est la fiancée du fils des Noël, Maurice, et c'est d'abord en sa qualité qu'elle entre dans la villa Carmen. Elle assiste aux séances et bientôt on découvre qu'elle est un grand médium et c'est elle qui sera le plus souvent sollicitée pour appeler les entités fantomatiques à se manifester ! Cependant, Carmen, plus jamais dépendante de la morphine, sans laquelle elle ne peut plus vivre, sollicite de plus en plus son fantôme. Elle supplie sa belle-fille, Marthe Béraud, de la faire venir. Alors, dans l'obscurité s'effectue un échange pour le moins curieux entre une femme et un «fantôme», un échange qui, au fil des jours, prend l'allure d'un dialogue d'amoureux. — Je ne peux plus me passer de toi ! soupire Carmen — Et moi donc ! (à suivre...)