«J'ai vu un couple s'enlacer avec leur bébé avant de sauter à l'eau ensemble. Ils ne savaient pas nager. J'ai vu des femmes, des enfants... Tous ces gens sont morts», raconte à l'hôpital d'Hourghada, le regard hagard, Saud Habib El Hotebi, un des rares survivants du naufrage du ferry égyptien «Al-Salam» en mer Rouge avec plus de 1 400 personnes à son bord. Dans la chambre 106 de l'hôpital d'Hourghada, ils ne sont que quatre. Le cinquième ami manque à l'appel. «Nous n'avons pas de ses nouvelles», explique-t-il, 48 heures après le drame, avec une moue qui en dit long sur ses minces espoirs de le revoir vivant. Passager de la classe VIP, située au 3e étage du «Al-Salam», il estime qu'il doit son salut à sa place dans le bateau. Sur un dessin schématique du navire, il montre les ponts inférieurs indiquant que les passagers qui s'y trouvaient ont certainement eu moins de chance que lui. «Il y a eu un feu à l'arrière du bateau et puis à l'avant vers 22h 30. Vers 0h 30 ou 1h 30, le bateau s'est penché une première fois, puis tout à coup il s'est retourné et a coulé. Nous avons sauté à ce moment-là», résume-t-il en indiquant que des bateaux de sauvetage avait déjà été mis à l'eau et que des membres de l'équipage s'y trouvaient. «Il y a tant de morts», raconte cet autre étudiant saoudien de 21 ans, qui voyageait, lui aussi, en classe VIP. «Les bateaux de sauvetage étaient loin, il fallait nager longtemps pour les atteindre. Peut-être une heure. Je ne me souviens plus très bien. L'eau était froide. Après sur le canot, nous avons attendu près de 20 heures avant qu'un bateau nous sauve», ajoute-t-il.