Résumé de la 36e partie n Alvirah veut continuer à soutenir Kate dans ces moments difficiles. Elle se propose également de révéler l?identité de l?inconnue au père Ferris. Avec son efficacité habituelle, Alvirah rangea la cuisine, fit le lit, prit sa douche et s'habilla, choisissant un simple tailleur-pantalon qu'elle avait acheté avec l'aide de son amie, la baronne Min von Schreiber, lors de son dernier voyage sur la côte Est. Comme Min aimait à le rappeler, Alvirah n'avait pas un goût très sûr en matière de vêtements. Livrée à elle-même, elle était instinctivement attirée par des styles et des couleurs qui ne lui convenaient pas. Un jugement qu?Alvirah acceptait avec humilité. Alors qu'elle était sur le point de partir, elle s'immobilisa un instant, le temps d'écouter Willy exécuter quelques mesures de En cette longue nuit. Il jouait de mieux en mieux, reconnut-elle fièrement. Ses lèvres formèrent silencieusement les paroles de la chanson, en mesure avec lui. La phrase «tendrement je veillerai sur toi» ressemblait à une prière. Moi aussi je veille sur toi, Kate, pensa-t-elle. En arrivant chez son amie, elle s'étonna de trouver une Kate calme et résolue qui lui annonça qu'après mûre réflexion, elle avait décidé de chercher un autre logement, au pire une chambre meublée. Puisque Bessie avait voulu que sa maison soit habitée par les Baker, dit-elle, qu'on n'en parle plus et que sa volonté soit respectée. Les intentions de Bessie étaient claires, elle lui avait laissé la jouissance de l'appartement et une rente. «Mais je ne peux pas vivre sous le même toit que ces individus, Alvirah. Chaque fois que je pense à Bessie, que je l'imagine malade, tapant ce testament à son bureau et faisant venir des témoins à mon insu, c'est bien simple, j'ai l'impression qu'une lame me transperce le c?ur. ? Kate, tu viens de me rappeler une chose à laquelle je n'avais pas prêté attention. Le testament a été signé lundi dernier, le 30 novembre, n'est-ce pas ? Mais il est daté du 28 novembre. ? Oui. La veille, Bessie avait avoué au père Ferris que l'idée de transformer la maison en centre d'accueil pour enfants ne lui plaisait guère. Donc, alors même qu'elle en plaisantait avec moi pendant le week-end, disant que ce serait à moi de m'occuper de tous ces gamins, eh bien elle attendait que j'aie le dos tourné pour s'asseoir devant sa machine a écrire. ? Et es-tu sortie souvent pendant ce week-end ? ? Uniquement pour aller à la messe du matin, le samedi et le dimanche. Mais Bessie tapait très vite. Elle s'en vantait, comme tu le sais. Il ne lui aura pas fallu plus de vingt minutes pour taper ce testament. ? Oh, Kate !» soupira Alvirah. Sa vieille amie faisait peine à voir. Tout désir de lutter semblait l'avoir désertée. Ses épaules se voûtaient sous le poids de la défaite et la vitalité, qui animait sa petite silhouette, semblait s'être volatilisée. Alvirah savait qu'il ne servait à rien de discuter avec elle. Kate avait pris sa décision. Le mieux était de gagner du temps. «Kate, dit-elle, fais-moi plaisir. J'ai obtenu des renseignements sur les Baker. Ils ont la réputation d'être de véritables escrocs. Mais ils n'ont jamais été arrêtés ? pour l'instant ! Laisse-moi jusqu'à Noël pour apporter la preuve que ce n'est pas Bessie qui a rédigé ce testament, et que même s'il paraît signé de sa main, elle ne s'est pas rendu compte de ce qu'elle signait.» (à suivre...)